Ces dernières années, une tendance a particulièrement fait du bruit sur les réseaux sociaux : le No Bra. Littéralement traduit par « pas de soutien-gorge », ce mouvement gagne en popularité sur Internet comme dans la vie réelle. Mais pourquoi un geste aussi simple que de ne plus vouloir porter de soutien-gorge crée-t-il un tel buzz ? Qu’est-ce que cela révèle sur la société d’aujourd’hui ? Plongez dans l’univers du No Bra, le mouvement qui déshabille les normes sociétales.
Le No Bra : une tendance en pleine expansion sur les réseaux sociaux
Le « phénomène » du No Bra n’est pas nouveau. Dès les années 1960, lors de la révolution sexuelle et du mouvement féministe, des femmes ont commencé à rejeter le soutien-gorge comme un symbole d’oppression. Mais ce n’est que récemment, avec l’avènement des réseaux sociaux et la montée en puissance du mouvement body positive, que le No Bra a vraiment pris son envol. Sur Instagram, TikTok et Twitter, le hashtag #NoBra est devenu viral. Des millions de femmes utilisent ces plateformes pour partager des photos, des vidéos et des témoignages sur leur expérience sans soutien-gorge.
L’essor du mouvement No Bra sur les plateformes virtuelles marque un tournant dans l’expression de la liberté corporelle féminine. En 2018, le #nobrachallenge émerge notamment comme un symbole d’affranchissement, incitant les femmes à s’afficher sans soutien-gorge. Cette vague d’émancipation a pris une ampleur considérable lors du premier confinement, période durant laquelle les tenues formelles ont cédé leur place aux vêtements confortables, établissant ainsi de nouvelles normes vestimentaires.
@france.tv Le soutien-gorge, un sous-vêtement en voie de disparition… 👀 #tiktokfashion #nobra ♬ son original – France.tv
Une libération corporelle et mentale
Le No Bra s’affirme donc comme un geste chargé de significations. Il transcende la simple quête de bien-être physique pour toucher à une libération plus profonde, contestant l’hypersexualisation du corps féminin et promouvant une image non sexualisée des seins. La poitrine dite féminine se déleste ainsi de sa charge érotique excessive afin que les femmes puissent revendiquer leur droit à l’autodétermination vestimentaire. Et les réseaux sociaux jouent un rôle clé dans cette diffusion et popularisation du No Bra.
Grâce à eux, des millions de femmes peuvent se connecter, échanger et partager leurs expériences. Instagram, en particulier, est devenu un véritable bastion du mouvement. Les photos de femmes fièrement sans soutien-gorge y abondent, souvent accompagnées de légendes inspirantes. TikTok, avec son format de vidéos courtes, a également vu naître de nombreux contenus relatifs au No Bra. Par exemple, la créatrice de contenu @imparfaite.c partage avec ses abonné.e.s l’envie d’arrêter de porter des soutiens-gorge. L’aspect visuel de ces plateformes permet de normaliser l’apparence des seins sans soutien-gorge, contribuant ainsi à briser les tabous et à changer les mentalités.
@imparfaite.c Respirez les choquer ca va aller ✌️#pourtoi #nobra #girl #challenge #fyp #fypシ ♬ Storytelling – Adriel
Cette tendance n’a cessé de se renforcer grâce aux partages d’expériences personnelles sur Internet, qui mettent en lumière des alternatives confortables au port du soutien-gorge traditionnel. Le mouvement No Bra illustre parfaitement cette évolution des mentalités où chaque femme aspire à redéfinir son rapport au corps loin des injonctions sociales.
Pourquoi le No Bra attire-t-il autant de femmes ?
L’une des principales raisons pour lesquelles tant de femmes adoptent le No Bra est simple : le confort. Le soutien-gorge, bien qu’il ait été conçu pour soutenir la poitrine, est souvent perçu comme inconfortable, restrictif, et même douloureux. Les armatures, les bretelles qui creusent les épaules, les élastiques qui serrent… tout cela peut devenir un véritable cauchemar quotidien. Avec le télétravail et les confinements liés à la pandémie, de nombreuses femmes ont ainsi eu l’opportunité de laisser de côté leur soutien-gorge et ont découvert qu’elles se sentaient tout simplement mieux sans.
Mais le No Bra va bien au-delà du simple confort physique. Pour beaucoup, il s’agit également d’une démarche de libération. Porter un soutien-gorge a longtemps été perçu comme une norme sociale, une attente imposée aux femmes dès leur adolescence. Choisir de ne pas en porter, c’est donc une manière de revendiquer son autonomie et de se réapproprier son corps.
De plus, le No Bra s’inscrit parfaitement dans la mouvance body positive. Ce mouvement, qui prône l’acceptation de toutes les morphologies et la lutte contre les standards de beauté irréalistes, encourage les femmes à aimer leur corps tel qu’il est, sans artifices. Et cela inclut les seins dans toute leur diversité : petits, gros, asymétriques, tombants… peu importe ! L’idée est de s’accepter et de s’aimer sans chercher à correspondre à un idéal imposé.
Une révolution douce, mais puissante
Ce mouvement met également en exergue la persistance de certains préjugés tenaces. Il est alarmant que 20 % des Français considèrent encore que des tétons visibles signifient une provocation ou pire, une circonstance atténuante en cas d’agression sexuelle (sondage Ifop). Le No Bra devient alors un acte militant qui dénonce ces conceptions archaïques et plaide pour une égalité où le corps des femmes ne serait plus objet de polémique, mais sujet de respect.
Sur les réseaux sociaux, des femmes dénoncent ces comportements comme par exemple la créatrice de contenu @margault_lemperiere.
@margault_lemperiereC’est pas tous les jours faciles…♬ son original – mishaetalex
Vers un avenir sans soutien-gorge ?
Malgré les critiques, le No Bra s’installe durablement dans les mœurs. Ce qui a commencé comme une simple réaction contre l’inconfort s’est transformé en une véritable révolution des normes de beauté et de féminité. En se libérant des contraintes vestimentaires, les femmes redéfinissent leur confort et leur bien-être. Elles reprennent le contrôle de leur corps et refusent de se conformer aux standards imposés par la société.
L’adoption croissante du No Bra par des femmes issues de milieux sociaux et culturels variés montre que ce choix transcende les clivages habituels. Il reflète un désir collectif d’évoluer vers une société moins restrictive et plus inclusive où chaque femme peut exprimer sa singularité sans craindre censure ou discrimination.
Ainsi, loin d’être anecdotique, le mouvement No Bra soulève des questions cruciales sur notre capacité collective à accepter la diversité des expressions personnelles. Cette « tendance populaire » a déjà laissé une empreinte indélébile sur les réseaux sociaux et dans les esprits, prouvant une fois de plus que parfois, le changement commence par des gestes aussi simples que de laisser son soutien-gorge au placard.