Si le propre Noël repose sur le fait d’être ensemble, les cadeaux font bel et bien partie de l’imaginaire de cette fête. Là, sous le sapin enguirlandé, de gros paquets ornés de nœuds brillants… ou pas. Inflation ou surconsommation, les cadeaux désertent progressivement le pied de l’arbre, sans pour autant saboter la fête ! Noël sans cadeaux : pourquoi ce choix séduit de plus en plus ?
Une décision en adéquation avec la réalité économique
Depuis plusieurs mois, le coût de la vie ne cesse de grimper et les salaires peinent à s’aligner sur cette augmentation. À l’approche de Noël, difficile de trouver le budget pour de multiples cadeaux ainsi que plusieurs repas copieux. Un choix privilégiant alors le vivre-ensemble plutôt que le matérialisme. Le Noël sans cadeaux permet d’investir dans des denrées pour des moments conviviaux autour de la table plutôt que dans le plaisir individuel.
Dans cette dynamique, l’alternative de plus en plus prisée du Secret Santa fait mouche. Se reposant principalement sur l’adage « c’est l’intention qui compte », le « père Noël Secret » permet de s’émanciper de la valeur financière des présents. Le même budget pour tout le monde, avec une seule personne à gâter, permet de se concentrer davantage sur un cadeau cohérent personnalisé dont le prix ne définit pas la valeur.
Un Noël sans cadeaux pour éviter la surconsommation
Le Noël sans cadeaux peut également s’inscrire dans une démarche écologique. En effet, le concept du cadeau de Noël dans les sociétés occidentales se teinte aisément de consumérisme. Offrir pour offrir, sans questionner la réelle utilité de l’objet. « Je veux me contenter du nécessaire et ne plus avoir affaire avec le superflu », précise Laurence après avoir annoncé ne plus vouloir faire ou recevoir de cadeaux.
« On reste dans un modèle de consommation où on se pose la question de savoir ce qu’on voudrait, et au final on n’a même pas besoin de ce qu’on demande. L’envie et le plaisir, ce n’est pas de la nécessité »
En effet, ce qui fait envie n’a pas toujours de corrélation avec ce dont nous avons besoin. De plus, le paquet cadeau en lui-même représente un déchet difficilement vert. Scotch, ruban, papier… tous destinés à être déchirés dans la minute. Des résidus loin d’être verts puisque rien que pour le papier, « s’il est plastifié, métallisé ou avec des paillettes (…) il se jette dans la poubelle d’ordures ménagères ». Pas de recyclage, donc.
Au niveau des alternatives, on pense notamment au papier journal qui servira d’emballage. Et pour les plus adroit.e.s d’entre nous, misez sur l’ouverture précise du papier cadeau pour une réutilisation l’année prochaine !
La volonté de s’émanciper de la pression de la tradition
Noël veut que l’on fasse plaisir à ses proches cependant, certain.e.s affirment que cette démarche ne devrait pas attendre les Fêtes pour être observée. Julia et sa famille, d’un accord commun, ont ainsi décidé d’opter pour un Noël sans cadeaux.
« Nous nous offrons des petits cadeaux de temps en temps dans l’année quand l’envie se fait sentir et que l’on trouve quelque chose qui ferait plaisir et sera utile à la personne. On ne se force pas à Noël juste pour la tradition », explique-t-elle. S’opposant à l’incitation à la consommation, elle s’extrait de la pression du cadeau pour une date butoir. Exit la quête de l’idée parfaite, la course dans les magasins la veille du Réveillon et la question du budget qui peut vite grimper.
Et pour les enfants ?
On entend souvent que les cadeaux « c’est pour les enfants ». Faut-il alors les inclure dans la réflexion du Noël sans cadeaux ? Décision complexe lorsque l’on sait que les bambin.e.s s’empresseront de conter leurs nouvelles acquisitions dans la cour de récréation.
« Les adultes sont en mesure de comprendre ma démarche, mais les enfants un peu moins », intime Laurence concernant son dilemme concernant son fils. Le psychologue Alain Sotto appuie alors dans ce sens :
« Il ne faut passer du tout au rien. Il y a un travail à faire tout au long de l’année en leur parlant par exemple du sens des objets. Où vais-je le ranger ? Combien de temps vais-je l’utiliser ? Que vais-je en faire ? Quand on commence à réfléchir, on peut apprendre à résister. Il ne faut pas non plus être trop radical, mais juste demander aux enfants de développer un esprit critique. Et bien sûr, l’adulte doit donner l’exemple. »
Si les limites du Noël sans cadeaux peuvent rapidement se faire sentir, notamment avec des enfants, l’idée charme. Discussions et réflexions s’imposent alors pour trouver un fonctionnement adéquat. Ce choix à l’aspect radical ne tire pour autant pas un trait sur l’esprit convivial des Fêtes, au contraire, il peut tendre à le renforcer en mettant l’accent sur le moment chaleureux qu’est la réunion.