L’inflation n’a épargné aucun secteur. Après les cantines scolaires, le carburant et l’alimentation, cette crise économique sans précédent commence à prendre sa place dans la garde-robe de ces mesdames. Alors que les achats vestimentaires battent leur plein à quelques jours de la rentrée, les prix élevés des rayons féminins rhabillent les folies habituelles.
Cette hausse qui concerne uniquement les femmes se fait appeler « pinkflation », soit inflation rose. Les inégalités reviennent avec leur gros sabot, laissant le porte-monnaie des femmes en triste état. Éclairage.
Les femmes, plus entraînées à casser la tirelire
L’inflation est dans toutes les bouches et laisse de nombreux comptes en banque à la frontière du rouge. Étudiant.e.s, familles, professionnel.le.s de la restauration… personne n’échappe à ce décollage des tarifs. D’après un rapport de l’Insee, la hausse des prix à la consommation a passé le cap des 6 % sur un an. La mode « femme » en paye aussi les frais, tandis que côté homme la stabilité domine.
Cet écart a été nommé « pinkflation », un anglicisme empreint de stéréotypes qui fait de plus en plus parler de lui. Un rapport initié par le comparateur en ligne Comparatis et le média zurichois NZZ am Sonntag montre qu’en 20 ans le prix des vêtements féminins a subi une hausse de 6,5 %. Celui des vêtements pour homme, lui, aurait augmenté de seulement 0,3 %, un chiffre ridiculement petit.
Prix des matières premières, textiles plus coûteux, importation… rien de tout ça n’entre en jeu pour justifier un tel fossé économique. Aucune raison saillante n’est mentionnée. Selon le rapport, les femmes auraient simplement un budget plus flexible que leurs homologues masculins, surtout quand il s’agit de tendance.
« Les clientes semblent réagir de manière moins élastique aux augmentations de prix des articles de mode. En d’autres termes, elles font aussi du shopping lorsque les prix des vêtements s’envolent », développent les auteurs du rapport.
Les femmes, toujours la cible d’idées reçues
La rentrée arrive à grands pas et les achats frénétiques semblent coller aux baskets des femmes, ce malgré l’augmentation affichée sur les vêtements féminins. Entre cette combinaison style safari qui se fait attendre et ce blazer coloré qui claque sur la rétine. Difficile de résister à l’appel du cintre.
Pourtant, les femmes ne seraient pas plus dépensières que ces messieurs. Selon un sondage CSA/Cofidis, elles débourseraient en moyenne 108 € pour leurs habits, chaussures ou cosmétiques. Mais les femmes portent le chapeau d’une ère consumériste silencieusement sexiste. Cette « pinkflation » rugissante sur fond de crise rappelle un problème de longue date.
Pinkflation, un écho à la taxe rose ?
Les habitudes de consommation sont genrées et la taxe rose est là pour nous le prouver. Si les codes-barres pouvaient parler, ils prendraient parti pour les hommes, c’est certain. Rasoirs, shampoings, déodorants… pour un même produit, les femmes payent parfois le double des hommes. Une simple couleur, et le prix bascule. Ce phénomène marketing inégalitaire s’accroche comme du velcro à la société. Et ce n’est pas un scoop.
En revanche, cette grande différence de tarifs vestimentaires, la « pinklation », est assez nouvelle. Travail de cintrage plus minutieux, risques financiers plus importants car collection plus grande, marge de sécurité… pour trouver des excuses valables, c’est une autre paire de manches. En attendant, ce sont encore les femmes qui trinquent.
Mais malgré ce discrédit du rose, tout n’est pas entièrement noir. Certaines marques prennent par exemple enfin le chemin des collections unisexes, accessibles à tou.te.s. Les vestiaires émergents semblent vouloir en découdre avec ces normes réductrices. Et les stars à l’image de Christine and the Queens ou Miley Cyrus, encouragent ce mouvement grâce à des looks plus « ouverts ».