Plafond de verre : l’accès des femmes aux postes à responsabilités reste limité

Si de récentes études montrent qu’aujourd’hui les femmes sont plus diplômées que les hommes, elles restent malgré tout moins nombreuses aux postes hiérarchiques élevés, et moins bien rémunérées. Le « plafond de verre » continue ainsi à mettre des bâtons dans les roues des femmes. Autre phénomène inquiétant, « la falaise de verre ». Comprenez lorsqu’on place les candidates dans des situations perdues d’avance pour mieux les voir échouer. Décryptage 

Droits des femmes : où en est l’égalité professionnelle ?

Les inégalités entre les hommes et les femmes perdurent dans le monde du travail. Selon les derniers chiffres de l’Insee, les femmes touchent encore des rémunérations plus faibles de 28,5 % comparées à celles des hommes.

Il y a toutefois du progrès depuis que la loi Copé-Zimmermann (2011), qui impose un quota de 40 % de femmes du côté des conseils d’administration. Mais elles n’atteignent pas plus de 20 % des effectifs au sein des comités exécutifs. Et un seul groupe du CAC 40 est dirigé par « une femme », Catherine MacGregor (Engie). C’est le fameux phénomène du « plafond de verre ».

Le plafond de verre & le mythe du mérite

La notion du plafond de verre traduit ce plafond invisible auquel se heurtent les femmes dans l’avancée de leur carrière, ou dans l’accession à de hautes responsabilités. Cette barrière les empêche de progresser aussi vite et autant que les hommes. L’expression a été inventée par des sociologues féministes dans les années 70, puis popularisée en 1986 par deux journalistes du Wall Street Journal, Carol Hymowitz et Timothy D. Schellhardt.

Ce plafond de verre concerne la vie professionnelle des personnes à l’intersection de plusieurs oppressions : elle s’applique donc aussi aux personnes racisées et membres des communautés LGBTQIA+.

« Le constat du plafond de verre remet en cause la conception selon laquelle le mérite détermine la promotion dans des organisations qui sont pourtant fondées sur ce principe », écrivait en 2003 Jacqueline Laufer dans « Le plafond de verre dans l’administration, enjeux et démarches de changement« .

Ce phénomène est difficile à percevoir par la personne qui n’y est pas confrontée. Il est fait de bâtons dans les roues, de préjugés sur le genre, d’exclusion d’un entre-soi par défaut masculin et blanc. Il est d’autant plus difficile à appréhender dans notre société où règne l’idée que la réussite et le mérite ne reposeraient que sur l’effort et le talent. En effet, cette idée de réussite professionnelle est fondée sur le préjugé que, d’une part, l’égalité des chances est bien réelle, et que, d’autre part, seul le mérite permet de progresser.

Femmes et carrières : des idées reçues à foison

Pour expliquer l’existence de ce « plafond de verre », il faut alors se pencher sur plusieurs problématiques. Dans un premier temps, les compétences professionnelles des femmes seraient perçues différemment que celles de leurs homologues masculins.

En 2016, une étude dirigée par Ann-Sophie de Pauw a montré que pour un poste au contenu dense et très technique, une femme a 33 % de chances de moins qu’un homme d’être convoquée à un entretien d’embauche. Et lorsqu’il s’agit d’un poste de gestion des équipes, où les « qualités humaines » sont plus valorisées, les femmes ont autant de chances d’être invitées à passer un entretien que les hommes.

Dans un second temps, il existe une forme d’autocensure dans le comportement professionnel des femmes. Là où un homme va foncer sur une opportunité avec toute la confiance du monde, une femme y réfléchira à deux fois. En effet, les femmes seraient les premières à s’autolimiter. Il semblerait que la longue histoire de la discrimination des femmes ait façonné la manière dont elles s’identifient aux métiers « masculins », de même que leurs espoirs de réussite au moment de postuler.

Dans son ouvrage « Brisez le plafond de verre », la journaliste et auteure Florence Sandis explique que la première clé pour que les femmes brisent ce plafond est de se libérer des freins psychologiques (internes) et sociétaux (externes) qui briment les femmes dans leur volonté d’avancer.

« C’est lorsque les femmes prennent conscience de ce qui les limites que leur attitude change. La moitié du chemin est alors accomplie », décrypte ainsi l’experte.

Quand les femmes tombent de la « falaise de verre »…

Un autre phénomène a été découvert, lorsque les femmes parviennent à briser le plafond de verre (quand il n’y en a plus, il y en a encore…). C’est « la falaise de verre ». En période de crise, la tendance est de placer ces femmes dans des postes hauts placés. Leur chemin est donc semé d’embûches et de sacrifices, ce qui mène parfois à l’échec. Autrement dit, les candidates sont mises dans des situations perdues d’avance.

Ce concept a été communiqué suite à des études prouvant que les femmes sont choisies pour des postes haut placés durant des périodes de crise, comme celle de Michelle Ryan, professeure de psychologie sociale et organisationnelle au Royaume-Uni, et du professeur Alexander Haslam. Ils ont prouvé que c’étaient les situations de crise qui menaient les femmes à être nommées à de hauts postes, et non l’inverse, qui suggérait qu’elles menaient les entreprises à la crise. Le contexte fait que ces femmes sont donc jugées inaptes à exercer des fonctions de dirigeantes, ce qui contribue à creuser les inégalités.

On comprend cette notion assez clairement dans la toute dernière série Netflix « The Chair », ou encore dans le cas de Theresa May en politique. Elle a été nommée Première ministre britannique en pleine crise du Brexit, et n’est pas parvenue à finaliser les accords entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Elle a démissionné seulement trois ans après sa nomination.

Aviez-vous conscience de ces notions de « plafond de verre » et de « falaise de verre » ? Peut-être avez-vous réussi à les briser ? Venez en discuter sur notre forum !

Cindy Viallon
Cindy Viallon
Journaliste free-lance, mes sujets de prédilection sont les féminismes intersectionnels, la société et la culture. J’aime déconstruire l’actualité et briser les tabous une fois pour tous·tes !
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