Pourquoi on ne peut pas s’empêcher d’ouvrir notre calendrier de l’Avent en entier avant Noël ?

Le calendrier de l’Avent ouvre le trépidant décompte de Noël et concrétise un peu plus l’arrivée de ce jour tant attendu. Qu’il soit rempli de petites figurines en chocolat, de produits de beauté ou de jouets coquins, le calendrier de l’Avent suscite l’euphorie de toutes les générations. C’est l’une des rares raisons qui nous poussent à sortir de notre couette bien chaude le matin. Sauf que voilà, parfois l’excitation est tellement brûlante qu’on voudrait arracher toutes les fenêtres cartonnées d’une seule traite. Ça nous démange littéralement les doigts. Alors, on cède à cette impatience et on renonce à l’effet de surprise. On éventre chaque case frénétiquement et on coupe court à cette réjouissante tradition. Mais pourquoi on ne peut pas s’empêcher d’ouvrir notre calendrier de l’Avent en entier, avant Noël ?   

Le principe de la gratification instantanée

L’attente jusqu’à Noël est parfois longue. Ces 25 petits jours s’apparentent à une éternité et semblent s’écouler au ralenti. Heureusement, le calendrier de l’Avent nous rapproche un peu plus de cette date forte de l’année. Il donne un avant-goût de magie et comble merveilleusement cette période de latence. Alors forcément, le 1er décembre est un moment particulièrement symbolique. Nous pouvons enfin entamer ce calendrier qui nous fait de l’œil depuis qu’on l’a acheté.

À l’ouverture, nous perdons toute notion de maturité. Dans notre tête, nous avons cinq ans. Même si la surprise est ridiculement petite, nous avons l’impression d’avoir récolté le pactole. C’est ce sentiment de « récompense » et d’extrême satisfaction qui nous donne envie d’ouvrir le calendrier de l’Avent en entier. Ce phénomène porte un nom en psychologie. Il s’agit de la gratification instantanée.

C’est le désir d’expérimenter une sensation de plaisir sans délai. Un mécanisme inconscient qui sous-entend « je veux tout, tout de suite ». « Pourquoi ouvrir une seule case, alors que tout le calendrier s’offre à nous ? », se dit-on face à ces fenêtres closes. Au lieu de patienter sagement, on se fait prendre par la tentation de l’immédiateté. L’idée de retarder la gratification, de savourer chaque jour qui passe avant Noël, peut sembler presque archaïque dans une société habituée à tout obtenir sur le champ.

Lorsqu’on déchire la case et que l’on reçoit cette surprise inattendue, notre cerveau libère aussi de la dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la motivation. Cette sensation est tellement agréable que l’on peut avoir envie de réitérer le geste, pour prolonger ses bienfaits. Ce shoot de bonheur spontané explique pourquoi on ne peut pas s’empêcher d’ouvrir notre calendrier de l’Avent en entier.

Le désir de contrôle

Même s’il n’y a pas de mode d’emploi ni de notice intégrée, tout le monde sait que le calendrier de l’Avent s’ouvre jour après jour. Pas question de prendre de raccourcis ou de tricher. Il faut suivre une certaine chronologie au risque de perdre tout l’émerveillement promis. Sauf que voilà, l’être humain n’aime pas être commandé et encore moins appliquer les règles. Il a besoin d’avoir une part d’autorité, même dans ce petit rituel inoffensif.

La vérité, c’est que l’incertitude l’effraie. Ce qui justifie pourquoi nous voulons ouvrir le calendrier de l’Avent en entier avant Noël. Pour nous, c’est une façon de reprendre le pouvoir sur notre bonheur. Dévoiler les cases à notre rythme nous donne l’illusion éphémère de maîtriser notre propre expérience de Noël. Ainsi, nous éliminons l’imprévu et nous nous rassurons indirectement. Ce n’est donc pas seulement une affaire de « caprices ».

La fameuse curiosité humaine

Le calendrier de l’Avent laisse planer un certain suspense. Qui n’a jamais essayé de deviner la surprise en analysant ses formes à la loupe ou en secouant le carton ? Ce mystère qui entoure chaque case a le don de titiller notre légendaire curiosité. C’est bien connu, tout ce qui est fermé ou dissimulé attire plus l’attention qu’un objet parfaitement dévoilé. Si nous tombons, par hasard, sur nos cadeaux de Noël, nous aurons aussi cette envie irrépressible de les mettre à nu et de les déballer avant l’heure. C’est un comportement totalement naturel. Au-delà de l’exaltation palpable, il y a aussi une certaine peur de l’inconnu qui nous pousse à enfreindre cette règle du « une case par jour ».

La structure même du calendrier de l’Avent est pensée pour créer une tension volontaire. Les portes numérotées, que nous sommes supposé.e.s ouvrir dans un ordre bien précis, éveillent l’imaginaire et décuplent les attentes. L’idée de ne pas savoir ce qu’il y a derrière peut donc vite agacer et nous faire perdre raison. Ouvrir le calendrier de l’Avent en entier avant Noël illustre en fait notre indiscrétion originelle.

Les pulsions alimentaires

Lorsque nous choisissons un calendrier de l’Avent en version « comestible », nous restons parfois sur notre faim. Enfant, ces petites bricoles chocolatées, pas plus grosses qu’une noix, nous ont souvent déçues. Une belle arnaque pour les papilles. Quelques années plus tard, c’est toujours le même refrain sous les cartons. Les friandises semblent avoir subi un sérieux rétrécissement, ce qui a le don de nous frustrer. Forcément, pour compenser, on va en manger un deuxième, puis un troisième jusqu’à ce que la boîte soit totalement vidée. Un comportement alimentaire viscéral qui survient automatiquement lorsqu’on se sent restreint.e.

Un chocolat en appelle aussi un autre de par sa composition « apaisante ». Cet ingrédient figure parmi les plus addictifs. Le cacao renferme de la sérotonine alias l’hormone du bonheur, ce qui en fait un excellent « antidépresseur » naturel. Noël est une période où le stress est à son niveau maximal, ce qui peut justifier pourquoi nous nous réfugions dans les personnages chocolatés du calendrier.

Pour les puristes, ouvrir son calendrier de l’Avent en entier avant Noël est le pire des sacrilèges. Pourtant, c’est une idée qui a dû traverser de nombreux esprits. Pas question de mettre son calendrier de l’Avent sous scellés pour autant. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de faire. Le père Noël n’en saura rien ! 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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