Présidentielle & droit des femmes : 79 % des Français·es comptent sur l’engagement des candidat·e·s

À l’approche du premier tour de l’élection présidentielle, l’entreprise Kantar dédiée aux études de marché a réalisé un sondage pour la Fondation des femmes, au sujet des attentes des Français.es, vis-à-vis des candidat.e.s. Ce rapport, publié le 8 mars dernier lors de la Journée internationale des droits des femmes, révèle que le principal critère de choix des électeur.rice.s reposerait sur l’engagement des candidat.e.s sur les questions des droits de femmes et d’égalité femmes-hommes.

Des attentes qui semblent insuffisamment présentent dans les programmes des prétendant.e.s à la présidence, pour 55 % des interrogé.e.s. Point sur la 4e édition de l’observatoire « Priorité(s) aux femmes » de Kantar. 

Pour 8 Français.es sur 10 la situation des femmes n’a pas changé

De manière générale, 57 % des Français.es interrogé.e.s estiment que la situation des femmes n’a pas évolué depuis 2019. Certain.e.s (19 %) déclarent même, qu’elle s’est dégradée. Bien que 87 % des répondant.e.s s’accordent à dire que le mouvement #Metoo a permis de parler davantage des violences sexuelles faites aux femmes et (70 %) pensent que les victimes peuvent en parler plus facilement.

De nombreuses femmes se sont par exemple exprimées sous le hashtag #Doublepeine pour dénoncer les mauvais traitements qu’elles subissent par les forces de l’ordre, lors de dépôts de plainte pour des faits d’agressions sexuelles. Elles ne sont que 49 % à faire confiance à la police, dans la prise en compte des victimes, contre 61 % du côté des hommes. Et 44 % à faire confiance à la justice, contre 52 % pour les hommes.

Les femmes 22,3 % moins payées que les hommes

Si 93 % des Français.es sont à l’aise à l’idée d’élire une présidente de la République et qu’iels estiment très largement que les hommes et les femmes disposent des mêmes qualités. Dans la réalité, il subsiste toujours une inégalité entre les hommes et les femmes.

Dans le monde professionnel, seul.e.s 38 % des interrogé.e.s de cette enquête Kantar, trouvent que l’égalité hommes-femmes a atteint un niveau satisfaisant. De plus, selon une étude de l’Insee publiée le 2 mars dernier, les femmes sont encore payées 22,3 % de moins que les hommes. Un écart de rémunération qui n’a diminué que de 5,1 points entre 1995 et 2019, souligne l’Insee.

79 % des Français.es comptent sur l’engagement des candidats en faveur des droits des femmes

Par ailleurs, cette étude Kantar/Fondation des femmes, montre que 63 % des sondé.e.s jugent prioritaire de « punir plus sévèrement les agresseurs coupables de violences physiques ou sexuelles ». Améliorer la protection des femmes victimes de violences vient en 2e position et éduquer les enfants à l’égalité femmes-hommes arrive en 3ème place.

Alors que pour 79 % des Français.es, l’égalité femme-homme et le droit des femmes seront des critères déterminants au moment de l’élection, iels ne sont que 5 % à penser que les candidat.e.s traitent suffisamment et correctement de la question des droits des femmes et de l’égalité des genres dans leur campagne.

Droits des femmes : quelles sont les propositions des candidat.e.s à la présidentielle ?

À quelques jours des présidentielles, nous nous penchons sur les propositions formulées par les 12 candidat.e.s en termes d’amélioration des droits des femmes.

Emmanuel Macron, La République en marche

Le président-candidat a déclaré vouloir faire « encore » une fois de l’égalité femmes-hommes, sa « grande cause » de son prochain quinquennat, s’il est réélu. Il s’engage à faire appliquer, à partir de 2022, des sanctions financières aux entreprises n’ayant pas adopté de mesure pour réduire l’écart salarial femmes-hommes.

En ce qui concerne les violences sexuelles et conjugales, Emmanuel Macron a déclaré prévoit de doubler le nombre d’enquêteur.ice.s sur les sujets de violences intra-familiales et faites aux femmes, pour le faire passer de 2 000 à 4 000 policier.ière.s. Il propose également de tripler le montant des amendes des délits d’outrages sexistes, à 300 euros.

Fabien Roussel, Parti communiste français

Fabien Roussel souhaite allouer un budget de plus d’1 milliard d’euros par an à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Côté égalité salariale, le candidat a défini des délais, 6 mois pour la fonction publique et 1 an pour les entreprises, pour atteindre l’égalité salariale hommes-femmes. En cas d’échec, un administrateur judiciaire s’en chargera.

Autre engagement : il va créer un statut unique et protecteur pour les métiers très féminisés avec un salaire minimum de 1 700 euros net.

Philipe Poutou, Nouveau Parti anticapitaliste

Pour accompagner les victimes de violences, Philipe Poutou projette de créer plus de logements pour accueillir les femmes et former le personnel. Pour mettre fin à ces agressions, il prévoit aussi de mettre l’accent sur une éducation anti-sexiste, à la sexualité et au consentement. De plus, le candidat du NPA veut rendre l’avortement et la contraception gratuits et accessibles à toutes. Il souhaite également allonger le délai légal de l’IVG à 24 semaines de grossesse, comme au Royaume-Uni.

En outre, dans son programme il note aussi vouloir assurer le droit d’asile pour les victimes étrangères de violences patriarcales, d’abroger les lois discriminant les musulmanes et de réguler « toutes les femmes sans-papiers » en leur offrant « un titre de séjour avec droit de travail indépendamment d’un mari ou d’un conjoint, un logement et une formation professionnelle pour toutes ».

Jean-Luc Mélonchon, La France insoumise

Pour lutter et accompagner les victimes de violences, le candidat de « La France Insoumise », envisage de déployer un milliard d’euros et souhaite établir une loi combattant le sexisme et les violences faites aux femmes. Il désire aussi constitutionnaliser l’IVG et le droit à la contraception.

Autre proposition, il compte rembourser, à la fois la PMA, pour toutes femmes et les personnes trans et les traitements hormonaux de la ménopause. Dans sa ligne de mire, l’égalité salariale. Pour ce faire, il créera une commission de contrôle, qui visera à « punir sévèrement le non-respect de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes. ». Le député a aussi pour volonté d’abolir la prostitution et d’allonger les congés parentaux et les rendre identiques pour les deux parents.

Nathalie Artaud, Lutte Ouvrière

La candidate Nathalie Arnaud, qui se revendique « engagée dans la lutte féministe », n’a pas annoncé officiellement de mesure en faveur des femmes. Toutefois, elle envisage de maintenir les hôpitaux et maternités de proximité. Elle se dit contre la fermeture des centres d’IVG, qu’elle juge indispensables et désire donner les moyens à l’Éducation nationale d’informer et d’éduquer les jeunes filles et les jeunes hommes sur ces questions.

Anne Hidalgo, Parti socialiste

En termes de lutte contre les violences faites aux femmes, la candidate du Parti socialiste souhaite rétablir un ministère des Droits des femmes de plein exercice et s’engage à allouer plus d’1 milliard d’euros spécialement pour lutter contre ce fléau. Elle envisage également d’adopter les mêmes mesures que pratiquées en Espagne. À savoir : la sensibilisation et la formation des policiers, des gendarmes et des magistrats aux violences faites aux femmes, la présence obligatoire d’assistantes sociales dans les commissariats et les gendarmeries. L’éloignement des conjoints violents, l’accompagnement social et psychologique des femmes et des enfants témoins de violences, ainsi que la priorisation des victimes de violences conjugales dans le parc social.

Tout comme Emmanuel Macron, l’actuelle maire de Paris compte sanctionner d’amendes, les entreprises ne respectant pas les critères sociaux, environnementaux et d’égalité salariales. Elles feront même partie d’une liste qui sera rendue publique. Autre proposition, Anne Hidalgo, prévoit d’allonger le congé paternité à 16 semaines, dont 6 obligatoires.

Yannick Jadot, Europe Ecologie-Les Verts

Le candidat écologique souhaite imposer l’égalité salariale dans toutes les entreprises de plus de 20 salarié·e·s et dans les administrations publiques, au risque d’être sanctionnées par une amende de 330 euros par jour et par employé.e concerné.e jusqu’à la régularisation. Tout comme la candidate PS Anne Hidalgo il compte : investir plus d’1 milliard d’euros dans la lutte contre les violences faites aux femmes, former les personnels mais aussi améliorer le processus de dépôt des plaintes en élargissant les possibilités de dépôt de plaintes dans les hôpitaux et les espaces médicaux et en mettant en place des lieux d’accueil

Il projette également de constitutionnaliser le droit à l’IVG et promet de lutter contre les violences obstétricales et gynécologiques en appliquant des procédures de signalement et le strict respect de la loi.

Valérie Pécresse, Libres !

Dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes l’élue LR promet de réduire les délais des rendus des ordonnances de protection à 24h, ceux de l’instruction des dossiers à 72h et de 15 jours ceux pour le jugement. Elle souhaite également augmenter le nombre d’hébergements d’urgence et mieux former les policier.ère.s. Elle envisage aussi de mettre en place la revalorisation financière des carrières des infirmières et des sages-femmes, d’inscrire l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, de mettre en place des consultations mères-enfants pour les mamans seules dans le but de se faire soigner en même temps.

Valérie Pécresse a déclaré également vouloir reconnaitre l’endométriose comme une « affection longue durée », abaisser le taux de la TVA pour les produits d’hygiène féminine à 2,1 %, instaurer un congé de deux jours par mois pour les règles douloureuses (sur avis médical) et enfin créer un congé aménageable pour chaque parent.

Marine Le Pen, Rassemblement national

Côté droit des femmes, Marine Le Pen promet « des délais très brefs » dans le jugement des violences conjugales, sans énoncer les mesures qui seront mises en place. Elle précise notamment que les personnes condamnées pour outrages sexistes seront inscrites au fichier des criminels et délinquants sexuels. Elle garantit également la liberté de circuler des femmes sans être importunées ou menacées, quel que soit l’heure ou le lieu.

Éric Zemmour, Reconquête !

Dans son programme Éric Zemmour propose, pour lutter contre les violences envers les femmes, d’automatiser le port du bracelet anti-rapprochement pour les personnes condamnées pour violences conjugales. Il envisage d’augmenter le nombre de places dédiées aux victimes, mais aussi d’expulser les criminels et délinquants sexuels étrangers comme binationaux.

Le candidat d’extrême droite prévoit également d’augmenter les pensions de réversion pour les veuves en augmentant la part du conjoint décédé de 54 % à 75 %.

Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France

Pour assurer une égalité des salaires, le candidat de Debout la France prévoit d’une part, d’alléger les charges des entreprises respectant l’égalité salariale, et d’autre part, d’instaurer progressivement une sanction contre les mauvaises pratiques.

Quant aux questions liées aux violences faites aux femmes, Nicolas Dupont-Aignan propose aux victimes, dès le dépôt de leur plainte, d’avoir accès à un téléphone avec touche « grand danger » , à une vidéo-protection, à un dispositif de patrouille de police au domicile, à une aide à l’anonymisation et à une présentation de l’agresseur devant un juge pour obtenir une injonction d’éloignement avec bracelet électronique. En complément de cela, il affirme vouloir créer un statut de « victime en danger », visant à garantir les droits des femmes victimes de violences.

Toujours dans l’idée d’améliorer les conditions de traitement de plaintes, le candidat de droite veut se calquer sur le modèle de justice espagnole. Il s’engage à imposer des formations obligatoires aux personnels en contact avec les femmes victimes de violences. Il envisage également de réduire le temps de traitement des plaintes en créant des tribunaux dédiés aux affaires de violences conjugales. 72 heures pour instruire le dossier des victimes présumées, 15 jours pour organiser un procès. Il prévoit aussi de créer des logements d’accueil d’urgence. Et enfin, pour sanctionner les agresseurs, le prétendant à l’élection mettra en place des peines planchers sévères envers les auteurs de violences faites aux femmes.

Jean Lassalle, Résistons

Le programme du candidat Jean Lassalle ne contient aucun engagement quant à aux questions d’égalité salariale et de droits des femmes.

Harcèlement, violences faites aux femmes, égalité salariale… : les prétendant.e.s à l’élection présidentielle sont attendu.e.s au tournant sur leur projet pour les droits des femmes en France. Rendez-vous le 10 avril 2022 pour le premier tour !

Shem's Tlemcani
Shem's Tlemcani
Je suis passionnée par les sujets sociétaux et la santé. Mon intérêt pour les questions sociales me pousse à explorer des enjeux tels que la lutte contre la pauvreté, l'éducation et le changement climatique. En matière de santé, je m'investis dans les domaines du bien-être, de la nutrition et de la prévention des maladies. Je m'efforce de rester informée et d'utiliser ma voix pour sensibiliser et encourager le débat et l'action sur ces sujets cruciaux.
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