La prostitution : un fléau de plus en plus fréquent chez les mineur.e.s. Dès 12 ans certain.e.s en sont déjà victimes… Le gouvernement s’alarme : c’est entre 7000 et 10 000 mineur.e.s qui sont prostitués en France. Un chiffre qui fait froid dans le dos, d’autant qu’il serait sous-estimé par rapport à la réalité… L’ère des plateformes de locations d’appartements et les réseaux sociaux accroient significativement le développement de la prostitution chez les mineur.e.s. On fait le point sur la situation.
L’esclavage sexuel chez les mineur.e.s
En 5 ans, il y a 10 fois plus de mineur.e.s victimes de proxénétisme. D’après un récent rapport du gouvernement sur la prostitution, publié en juillet 2021, 7000 à 10 000 mineur.e.s seraient prostitué.e.s. Des chiffres glaçants qui ne cessent d’augmenter.
La France est notamment frappée de plein fouet par cette recrudescence d’enfants victimes de prostitution. Tous les milieux sont touchés, même si certains profils ressortent davantage selon le gouvernement : les mineur.e.s étranger.ère.s et les enfants en situation de vulnérabilité (isolement, manque d’affection dans leur entourage, dénigrement ou encore violences intrafamiliales physiques/psychologiques).
Autrement dit, les proxénètes visent les jeunes isolé.e.s, déboussolé.e.s et vulnérables. Ils vont se faire passer pour un soutien, une épaule et leur dire qu’il.elle.s ont toutes les cartes en mains pour être libre et gagner de l’argent. Ils gagnent alors la confiance de ces mineur.e.s et les prostituent. Un cercle extrêmement vicieux ! L’esclavage prend un nouveau visage abjecte, celui où l’on commercialise le corps des mineur.e.s. Un marché fructueux qui peut rapporter jusqu’à 1 500 € par jour aux proxénètes.
18 000 mineur.e.s étranger.ère.s ont disparu en Europe
On apprend également qu’en 3 ans, 18 000 mineur.e.s étranger.ère.s auraient disparu en Europe. C’est en Belgique, en Italie, en Espagne et en Grèce que l’organisation Lost in Europe, cellule d’investigation internationale de journalistes, recense le plus de disparitions.
Comme il.elle.s fuient leur pays pour espérer trouver mieux, les migrant.e.s sont fortement exposés à cette prostitution infantile. De passeurs certains passent proxénètes. En France, les jeunes migrant.e.s se retrouvent, pour la plupart, à la porte de la Chapelle à Paris. Il.elle.s sont « logé.e.s » dans des squats où la drogue prône et les pédophiles rôdent. L’enfer débute lorsqu’il.elle.s doivent rembourser leur voyage et sont contraint.e.s de se prostituer.
Sans protection dans un autre pays que le leur, ces jeunes assouvissent les désirs de leurs proxénètes pour qu’ils empochent leur argent. Un fléau qui touche aussi bien les jeunes filles que les jeunes garçons. L’association Utopia 56 qui apporte son aide aux migrant.e.s, dénonce les dangers auxquels font face ces jeunes mineur.e.s. Elle a notamment déjà tiré la sonnette d’alarme dans la « jungle » de Calais, haut lieu de passage.
Les réseaux sociaux, terreau parfait pour les proxénètes
En effet, aujourd’hui la plupart des jeunes ont un compte Instagram, TikTok, Snapchat etc. Habitué.e.s à liker, partager des photos, des vidéos, les jeunes filles et garçons ne sont pas forcément conscient.e.s des dangers des réseaux et de la perversité qu’il peut y avoir. Les proxénètes surfent sur cette vague. Ils se sont emparés des réseaux sociaux et traquent leurs victimes impunément. Atterrir dans les DM (message privé) des jeunes à travers ces applis est tristement devenu monnaie courante. On parle alors de « cyber-proxénétisme ».
Autre méthode : le revenge porn qui peut conduire à la prostitution. Un « nude » à la mauvaise personne et ça suffit pour plonger dans ce cauchemar. Entre chantage, manipulation, certains petits amis partagent en effet la photo ou la vidéo et deviennent à leur tour proxénètes. Ils exercent une emprise psychologique malsaine, poussant leur petite amie à se prostituer par « amour ».
C’est le cas d’Assia. Jennifer Pailhé a sorti sa fille de la prostitution, comme l’explique un reportage du média Brut. Un combat pour sauver sa fille qui a duré deux ans. Constatant un cruel manque d’efficacité et de moyen des autorités pour lutter contre les abus des proxénètes sur les mineur.e.s, cette maman toulousaine a créé une association : « Nos Ados Oubliés« . Elle vient en aide aux jeunes et aux parents dans la même situation qu’elle et sa fille. Une initiative salutaire !
La prostitution prend un nouveau visage
Concrètement, la prostitution a augmenté de 70 % en 5 ans, selon le service statistique ministériel de la sécurité intérieure. La commercialisation des mineur.e.s est donc très lucrative. Ainsi, les cités « investissent » dans la prostitution. Les autorités comptent 85 % des victimes mineur.e.s sous la coupe de proxénètes de cité.
Problème : les méthodes évoluant sans cesse, la police rencontre malheureusement des difficultés à remonter les réseaux de prostitution. Les maraudes et interpellations dans les rues ne suffisent plus. Et pour cause… Les personnes prostituées sont logées dans des appartements loués. Les Airbnb remplacent les maisons closes. C’est ce qu’on appelle la prostitution logée.
Les proxénètes peuvent y placer plusieurs mineur.e.s, filles ou garçons, et les faire travailler toute la journée sans pause. À l’abri de tous les regards, même les propriétaires des appartements n’en savent rien (généralement). 26 % des actes de prostitution seraient exercés dans des appartements loués. Les chambres d’hôtel resteraient majoritaires à 66 %, contre 5 % au domicile des clients.
« Fugueuse » : la série choc de TF1 sur la prostitution
Parce que mieux connaître la prostitution infantile c’est mieux la combattre, TF1 a frappé fort avec la mini-série « Fugueuse » sortie en prime time le 23 septembre dernier. L’idée ? Exposer ce fléau aux yeux des téléspectateur.trice.s afin d’en prendre conscience, de ne plus en faire un tabou. Mickhael Young, interprète du père de Léa, adolescente qui se prostitue pour son petit ami qui a besoin d’argent, crève l’écran.
Autre série qui aborde le sujet de façon éclairante : Sky Rojo. Disponible sur Netflix, elle raconte l’histoire de 3 prostituées qui tentent par tous les moyens de s’échapper de l’emprise de leurs proxénètes. Cette série nous plonge dans une course poursuite où tous les points de vues sont exposés et nous font réfléchir.
Côté mesures gouvernementales afin de lutter contre la prostitution chez les mineur.e.s, un plan national à la mi-octobre 2021 sera annoncé par Adrien Taquet, secrétaire d’État à la Protection de l’enfance. « Il y a urgence à s’attaquer aujourd’hui au fléau de la prostitution des mineures », alertait en juillet dernier Catherine Champrenault, procureure générale à la cour d’appel de Paris. Quelques pistes sont déjà énumérées comme : la sensibilisation à la sexualité, la prévention des risques sur les réseaux sociaux, une amélioration du traitement judiciaire pour les mineur.e.s. Affaire à suivre…