Rejet familial : comment réagir et ne plus en souffrir ?

Si dans l’imaginaire collectif la famille inspire généralement sécurité, soutien indéfectible et amour éternel, elle peut aussi être la toile de fond de tous les déchirements. Jalousie au sein de la fratrie, mensonges, choix de vie boycotté, partenaire de cœur non validé.e… les liens du sang s’abîment parfois pour des sornettes. Lorsque le tableau de famille se fissure en mille morceaux et que notre tribu nous place sur un siège éjectable, nous partons avec un baluchon rempli de peine et de désespoir. Le rejet familial est un coup de poignard émotionnel et une torture mentale. Même si cet abandon « organisé » sonne comme la pire des blessures, il n’est pas insurmontable. Pour éviter de garder cette amertume à perpétuité, voici quelques pistes.

Cerner les raisons du rejet familial

Critiques récurrentes, distances, provocations incessantes, éloignement affectif… le rejet familial n’est pas toujours clairement « acté » mais certaines attitudes le confirment silencieusement. Parfois, le rejet est involontaire et résulte de malentendus ou de désaccords, tandis que dans d’autres cas, il peut être délibéré et intentionnel. Ce foyer si chaleureux se transforme alors en une muraille de glace et la convivialité cède doucement sa place à l’hostilité. Souvent, le rejet familial s’apparente à une injustice.

Malgré tous les efforts d’introspection, on peine à cerner ce qui a fait exploser cette harmonie. On se retrouve de l’autre côté de la porte avec des points d’interrogation plein la tête et des émotions à vif. Mais on a trop de fierté pour quémander une mise au clair. Pour aller de l’avant et arrêter de se jeter la pierre inutilement, il convient de remonter à la source du problème. Quel événement ou quel comportement a pu déclencher cette pagaille ? À partir de quand votre famille a-t-elle commencé à vous mettre sur la sellette ? Quels sont les reproches qu’on vous a fait ? Tous ces détails pourront vous apporter des éléments de réponse.

Est-ce un membre de votre famille qui veut rivaliser avec vous pour avoir de la reconnaissance ? Une divergence très marquée d’opinions ? Ou une question d’argent non rendu ? Notez que le rejet familial n’est pas nécessairement « justifié ». On vous incrimine alors sans réel motif. Du moins, en apparence. Si vous êtes le « chat noir » de la famille, c’est peut-être pour des raisons plus abstraites comme des attentes non réalisées ou des rancunes non résolues. Le rejet familial peut également s’établir sur des traumatismes plus ou moins enfouis. Qu’il s’agisse d’un décès mal vécu ou d’un désir de vengeance, les explications se cachent aussi dans le passé.

Garder ses distances

Contrairement aux amitiés qui se font et se défont, la famille est quasiment irréparable une fois que son noyau s’est fissuré. Alors mieux vaut réfléchir à deux fois avant de couper les ponts définitivement. Encore une fois, pas question de vous accaparer la faute ou de vous mettre à genoux pour supplier le pardon. Simplement de savoir identifier vos torts s’il y en a. Peut-être que votre famille a sur-réagi mais ce n’est pas pour autant qu’il faut clamer votre parfaite innocence. C’est toujours compliqué de prendre sa part de responsabilité. Ça l’est d’autant plus lorsque les accusations à notre encontre sont exagérées ou inexactes. Cependant, c’est un premier pas vers l’apaisement.

En revanche, si votre famille est elle-même toxique et vous hisse en vulgaire étranger.ère, il faudra songer à vous en éloigner. Dans ce cas, le rejet familial est un mal nécessaire. Qu’il s’agisse de parents narcissiques qui vous écrasent en permanence ou qui vous utilisent comme une marionnette, prenez un aller sans retour. Même si sur le coup, cette rupture est inadmissible, vous en ressortirez avec moins de séquelles. Pour garder une corde à votre port d’attache, vous pouvez en revanche vous trouver des allié.e.s fiables au sein de votre tribu. Une cousine, un oncle, un frère… qu’importe la personne, ce qui compte c’est de garder ce précieux sentiment d’appartenance.

Faire le deuil de la famille « parfaite »

Sur le petit écran, le portrait de famille est rutilant. Les parents sont tendres, les frères et sœurs sont unis et les repas se déroulent sans heurts. Même le golden retriever, énième membre de la famille, semble mener une vie idyllique. Une image tirée à quatre épingles qui rend la réalité encore plus insupportable. Pour la plupart d’entre nous, la famille est un roc indestructible, une chrysalide en fer forgé, un nid blindé. On s’imagine qu’elle résiste à toutes les intempéries de la vie. Cette perception idéalisée crée des attentes démesurées et se solde sur une cascade de désillusions. Le rejet familial s’apparente donc à un délit ultime, une trahison absolue.

Admettre que chaque famille a ses propres défis, conflits et imperfections calme la douleur. En faisant le deuil de cet espoir de perfection, on peut s’ouvrir à une compréhension plus réaliste et authentique de nos relations familiales, permettant ainsi de construire des liens plus sains et résilients. Le rejet familial n’est pas forcément une fatalité mais il nécessite de désembuer notre vision (un peu trop fantaisiste) de la famille.

Se redonner du pouvoir

Le rejet familial fait drastiquement chuter notre estime personnelle. Il perturbe tout notre équilibre de vie et remet en cause toute notre identité. Il s’accompagne également de son vaste lot de questions existentielles. Même si ces passages à vide sont totalement normaux, ils ne doivent pas vous faire douter de votre valeur. Le rejet familial pousse à la culpabilité. On ne se sent plus assez bien pour personne. On réfléchit quinze fois avant de sortir une phrase en public.

Le rejet familial envoie un boulet de canon dans la confiance. Pour rebondir la tête haute, pratiquez l’auto-compassion, prenez conscience de vos qualités et travaillez votre répartie. Prenez le temps de vous reconnecter avec vous-même et redéfinissez vos propres limites pour vos relations futures. Développez votre indépendance en poursuivant des intérêts et des activités qui vous apportent du plaisir et du sens. Faites des choses qui vous rendent fier.ère de vous-même. Fondez votre famille du cœur, celle que vous avez élue vous-même et en qui vous retrouvez cet amour brut égaré.

Les conséquences délétères du rejet familial

Le rejet familial laisse des plaies ouvertes. Même si le temps et les amitiés servent de mercurochrome, cet événement défigure la santé émotionnelle et mentale à long terme. Il forge des caractères méfiants qui fuient les relations extérieures, redoutent les confrontations et sous-estiment leur potentiel.

Le rejet familial donne aussi ce terrible sentiment de déracinement et de désordre. Les effets du rejet ne se limitent donc pas seulement aux interactions familiales, mais peuvent également influencer la manière dont on perçoit les autres, ainsi que la façon dont on interagit avec le monde extérieur. Voici quelques-unes des conséquences délétères du rejet familial :

  • Baisse de l’estime de soi : le rejet répété ou persistant peut ébranler la confiance en soi et créer des doutes sur sa propre valeur. Les personnes peuvent commencer à se considérer comme inadéquates ou indésirables, ce qui peut affecter leur estime de soi.
  • Développement de troubles émotionnels : le rejet familial peut contribuer au développement de troubles émotionnels tels que la dépression, l’anxiété, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et les troubles de l’alimentation.
  • Isolement social : les personnes qui subissent un rejet familial peuvent éprouver des difficultés à établir et à maintenir des relations sociales saines. L’expérience du rejet peut créer des barrières émotionnelles qui entravent les interactions sociales.
  • Difficultés relationnelles : les schémas de comportement appris en réaction au rejet familial, tels que la méfiance, la peur de l’abandon ou la difficulté à exprimer des émotions, peuvent nuire aux relations amoureuses et amicales.
  • Méfiance des autres : le rejet familial peut donner lieu à une méfiance généralisée envers les autres. Les personnes peuvent craindre d’être rejetées à nouveau et avoir du mal à se sentir en sécurité dans les relations.
  • Impact sur la santé mentale : les conséquences psychologiques du rejet familial peuvent se traduire par une détresse émotionnelle chronique, une diminution de la résilience face au stress et un risque accru de développer des troubles mentaux à long terme.

Lorsque la famille décide de nous claquer la porte, inutile d’attendre indéfiniment derrière. Même si cette expérience nous mitraille de l’intérieur, elle nous force à trouver le bonheur ailleurs. 

Émilie Laurent
Émilie Laurent
Dompteuse de mots, je jongle avec les figures de style et j’apprivoise l’art des punchlines féministes au quotidien. Au détour de mes articles, ma plume un brin romanesque vous réserve des surprises de haut vol. Je me complais à démêler des sujets de fond, à la manière d’une Sherlock des temps modernes. Minorité de genre, égalité des sexes, diversité corporelle… Journaliste funambule, je saute la tête la première vers des thèmes qui enflamment les débats. Boulimique du travail, mon clavier est souvent mis à rude épreuve.
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