À la Une du dernier numéro de Sports Illustrated, en couverture d’un numéro spécial du magazine Forbes, Ashley Graham est partout et avec elle, certains pensent que les rondes ont enfin trouvé leur place dans la société. Problème, nous ne sommes pas toutes des mannequins grande taille, il ne faudrait pas l’oublier.
Ashley Graham, porte-parole des rondes ?
Elle fait l’Histoire, Ashley Graham, depuis qu’elle brise toutes les frontières qui séparaient encore les mannequins grande taille des autres. Une petite révolution, que nous ne manquons pas de saluer régulièrement.
Plus qu’un mannequin, la belle américaine se veut surtout être le porte-parole des femmes rondes, totalement exclues de la sphère médiatique. Sortir des cases, s’ouvrir à la différence, accepter les corps sous toutes leurs formes, prôner la tolérance, voilà là la véritable mission d’Ashley.
Problème, en voyant le succès grandissant de la belle, certains seraient vite tentés de faire un raccourci en considérant qu’Ashley Graham est une parfaite représentation de la femme ronde et qu’aujourd’hui, la situation des femmes en surpoids s’améliore. Malheureusement, nous ne sommes pas toutes des Ashley.
Les stigmates du surpoids
Entendons-nous bien, nous ne reprochons rien à notre mannequin grande taille qui se donne déjà corps et âme pour défendre et tenter de faire respecter les femmes aux courbes généreuses.
Mais qu’on se le dise, nous ne sommes pas toutes des Ashley Graham, car si la jeune femme qui fait une taille 46 est en effet plus ronde que la moyenne, elle ne porte pas les stigmates du surpoids.
Avoir des hanches larges et une poitrine généreuse avec une taille marquée est une chose, mais avoir un ventre rebondi voire même un tablier ou encore un double menton bien visible en est une autre. Car si le premier type de rondeurs décrites sont considérées comme socialement acceptables, les deuxièmes sont des stigmates du surpoids qui ne passent pas.
Dur dur de se sentir représentées donc, quand nos représentantes ont des rondeurs, certes, mais pas « celles qui dérangent ». Si Ashley Graham avait du ventre et un double menton, serait-elle si populaire aujourd’hui ?
L’arbre qui cache la forêt
Les mannequins grande taille, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt en faisant croire à la population que la société s’ouvre aujourd’hui aux rondes. Pourtant, il n’y a qu’à voir les commentaires sur les réseaux sociaux, les femmes rondes sont loin d’être acceptées par la société.
Les médias eux-mêmes donnent dans l’hypocrisie lorsqu’ils se vantent de proposer de la diversité avec des mannequins taille 40 qui sont censés représenter les femmes en surpoids.
Alors on le dit, non, nous ne sommes pas toutes des mannequins grande taille. Si on apprécie comme il se doit le succès de modèles plus ronds, on dénonce en revanche le fait que la société nous refuse encore d’être représentées par des femmes vraiment rondes, qui portent elles tous les stigmates du surpoids.
Car le jour où l’on tolérera ces femmes pas franchement considérées comme socialement acceptables aujourd’hui, alors on admettra à ce moment-là qu’un cap a été franchi. En attendant, que l’on n’oublie pas que toutes les rondes ne ressemblent pas à Ashley Graham et qu’elles ont pourtant le droit elles aussi d’être représentées et respectées.