Lors de l’Open d’Angleterre de badminton, le 14 mars 2025, la joueuse écossaise Kirsty Gilmour s’est retrouvée confrontée à une situation aussi intime qu’injuste : sanctionnée par un carton jaune pour avoir pris une pause nécessaire liée à ses règles. Aujourd’hui, elle sort du silence pour dénoncer une réglementation inadaptée et lancer un appel à repenser le sport pour le bien des personnes menstruées.
Une sanction incompréhensible
Ce jour-là, à Birmingham, Kirsty Gilmour affrontait la Sud-Coréenne An Se-young, numéro un mondiale. Quelques minutes avant de rentrer sur le court, l’Écossaise a été surprise par l’arrivée de ses règles. Elle dispute le premier set tant bien que mal, puis demande à l’arbitre l’autorisation de faire une pause pour se changer.
Résultat : un carton jaune pour « retard dans la reprise du jeu », comme le prévoient les règlements actuels. La pause toilette est strictement limitée à 2 minutes, quel qu’en soit le motif. Une sanction qui sera levée après le match, mais trop tard pour empêcher l’humiliation.
« Ce n’est pas que je prenais mon temps. Je devais tout simplement gérer ma situation. Et c’est une situation que vivent des millions de femmes chaque mois » – Kirsty Gilmour, interview pour The Telegraph
Un tabou toujours présent dans le sport
Cet épisode soulève une réalité encore trop peu prise en compte dans le sport de haut niveau : les menstruations restent largement ignorées, quand elles ne sont pas carrément stigmatisées. Pour Kirsty Gilmour, le problème ne se résume ainsi pas à ce carton jaune. Il révèle un cadre réglementaire qui n’intègre pas les besoins physiologiques des femmes et autres personnes menstruées.
« Les règles ne sont pas une excuse, c’est une réalité. Nous avons besoin d’une meilleure compréhension, mais aussi de solutions concrètes »
En parlant publiquement de cette expérience, Kirsty Gilmour rejoint d’autres athlètes qui, ces dernières années, ont brisé le silence autour des règles dans le sport – un sujet longtemps passé sous silence, même au plus haut niveau.
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Une voix pour le changement
Aujourd’hui, Kirsty Gilmour appelle les instances sportives à se saisir du sujet. Cela passe, selon elle, par 2 leviers :
- Intégrer davantage de femmes dans les instances de décision, afin que ces réalités soient prises en compte dans la construction des règlements. « Il faut que les femmes soient présentes à tous les niveaux du sport, pas uniquement sur le terrain », a expliqué Kirsty Gilmour à la BBC Sport.
- Encourager les jeunes filles à rester dans le sport, en créant un environnement plus accueillant, sans honte ni pénalisation liée au corps.
Elle souligne aussi l’importance d’une éducation inclusive et d’une normalisation du sujet dans les médias comme dans les écoles et clubs sportifs. Les règles ne doivent plus être un frein, ni une source de gêne ou de pénalisation.
Une situation loin d’être isolée
Le cas de Kirsty Gilmour n’est malheureusement pas un incident isolé. De nombreuses sportives, toutes disciplines confondues, évoquent le manque d’adaptation des compétitions à leurs cycles, que ce soit dans les choix de tenue, la planification des épreuves, ou les possibilités de pauses techniques. Une étude menée en 2023 par Women in Sport révélait que plus de 40 % des adolescentes abandonnent le sport au moment de la puberté, en partie à cause des règles. Ce chiffre souligne l’urgence d’une réflexion collective et d’une réforme des pratiques.
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En dénonçant une sanction injuste reçue en pleine compétition, Kirsty Gilmour met en lumière un sujet souvent ignoré : la place des règles dans le sport professionnel. Avec courage et détermination, elle appelle à une évolution des mentalités et des règles, pour un sport plus inclusif, plus humain, et réellement équitable.