Parler de l’état de sa santé mentale est de manière générale très tabou dans notre société. Associée à de la faiblesse voire de la folie, aborder ces questions est un vrai dilemme pour les personnes en souffrance. Et ce, particulièrement pour les sportif.ve.s. Laissez-nous donc vous parler de ce tabou qui se fissure peu à peu, dans le milieu sportif, grâce à la libération de la parole.
Les sportif.ve.s victimes de leur santé physique
Si l’on s’intéresse principalement à la santé physique de nos grand.e.s sportif.ve.s, leur santé mentale est royalement mise de côté. Pourtant, celle-ci joue un rôle majeur dans le bien-être de nos athlètes. Et contrairement à ce que leur carrière à succès laisse croire, iels sont nombreux.se.s à souffrir de dépression ou de moment de tristesse.
En effet, une enquête du comité Ethique et Sportif, réalisée auprès de 1200 sportif.ve.s, a démontré que 80 % d’entre elleux ont déjà ressenti un manque d’énergie, de la tristesse, ou encore un manque de confiance. Un chiffre qui montre ô combien le milieu sportif est exigent et intransigeant.
Des héros & héroïnes, mais pas que…
Devant un match de foot, de rugby ou encore devant une compétition de natation, le sport réuni. Outre cette belle qualité, le sport met, en revanche, la barrière très haute à nos joueur.se.s.
Que l’on soit simple spectateur.rice ou coach, on en attend beaucoup de nos athlètes. Figures de demi-dieu/déesse, d’invulnérabilité ou encore de combattant.e.s, les sportif.ve.s doivent subir les conséquences écrasantes de leur succès. Iels ne sont plus considéré.e.s comme des humain.e.s à part entière, mais des êtres « extraordinaires » sans plus aucune fragilité.
« Le sportif est un peu ‘objectalisé’. On ne voit plus que la performance du corps », précise Elise Anckaert, psychologue du sport à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), au média Cosmopolitan
Enfin, la fin d’une omerta ?
Mais certain.e.s footballeur.se, champion.ne de tennis et athlètes ont renversé la tendance ces derniers années et ont mis fin à l’omerta qui pesait sur leur santé mentale.
Véritable coup de massue pour le milieu sportif, la numéro 2 mondiale de tennis, Naomi Osaka, annonçait par exemple le 31 mai 2021, son retrait du tournoi. Elle expliquait alors :
« La vérité est que j’ai traversé de longues périodes de dépression depuis l’US Open 2018 et que j’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre (…) Quiconque me connaît sait que je suis introvertie, et quiconque m’a vue pendant des tournois aura remarqué que je porte souvent un casque audio parce que ça m’aide à atténuer mon anxiété sociale. »
La gymnaste multi-médaillée Simone Biles a, de même, décidé de se retirer de plusieurs épreuves pour prendre soin de sa santé mentale.
Elle a été victime de tiwities (perte de repères dans les phases de saut) et a même déclaré en 2018, avoir été agressée sexuellement par Lassy Nassar, ancien médecin de l’équipe nationale de gymnastique. Des traumatismes qui mettent à mal sa santé mentale et la poussent finalement à se retirer du milieu.
Un phénomène multi-sports
Ce tabou se brise également sur le terrain de foot. L’attaquant et joueur de football du PSG, Neymar s’était confié, en 2021, sur sa fatigue psychologique.
« Je pense que c’est ma dernière Coupe du monde. Je ne sais pas si j’aurai encore la force mentale pour continuer à gérer ma vie de footballeur par la suite », a-t-il déclaré, selon la traduction de L’Equipe
Une annonce, qui a fait évoluer les mentalités, puisque même la légende du football français, Thierry Henry s’est confié au journal l’Equipe :
« (…) À mon époque, c’était beaucoup plus dur, totalement tabou. Même dans le groupe. Tu arrivais dans les vestiaires : »Ça va ? » – Oui », même si ça n’allait pas. »Tu as bien dormi ? – Oui » même si ce n’était pas le cas. »Tu as mal ? – Non », même si tu avais mal. Aujourd’hui, un joueur peut s’ouvrir plus. »
Et on ne peut que s’en réjouir. Rappelons-le : la santé mentale est aussi importante que celle physique et fait partie intégrante de l’équilibre vital d’une personne. D’autres sportif.ve.s professionnel.le.s ont d’ailleurs suivi le pas et ont parlé ouvertement de leur mal-être. On pense notamment à l’ancienne joueuse de tennis professionnelle australienne Ashleigh Barty, mais aussi la judoka française Amandine Buchard, le handballeur international français Valentin Porte ou encore le footballeur international français Paul Pogba.
À ce jour, en France, un bilan psychologique annuel est obligatoire pour les adultes sportif.ve.s de haut niveau et deux pour les mineur.e.s. Cette analyse permet de voir comment iels s’organisent, s’adaptent et quels sont les facteurs qui peuvent les fragiliser.
De plus, la prise de parole de ces nombreux.se.s profesionnel.le.s aide à déstigmatiser les troubles liés à la santé mentale et nous laisse croire à un milieu sportif plus sain et plus ouvert.