Le Sens du Poil, le compte Instagram qui affiche la pilosité féminine au grand jour

Et si on arrêtait un peu cette traque incessante du moindre poil sur notre corps de femme ? Margot, Sophia, Alice, Charlotte et Laure, 5 étudiantes belges, ont décidé de créer une page Instagram et une web-série afin d’aborder le sujet encore trop tabou de la pilosité féminine. Entre humour et véritable message, on vous présente le « Sens du poil », un projet qui ne manque pas de piquant !

« Une autre image de la femme, loin des stéréotypes »

N’en déplaise aux injonctions sociétales, ces femmes ont décidé d’assumer leurs poils. À travers leur compte Instagram, les 5 étudiantes racontent leur propre histoire, mais aussi celles de femmes qui ont décidé de témoigner ouvertement à propos de la pilosité féminine. Car malheureusement, afficher ses poils dans notre société actuelle est un véritable acte militant. 

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[1/3] Elise Depuis petite, j'ai des cordelettes crollées qui poussent : mes petits poils. Je pense avoir été longtemps épargnée du regard qu'on pouvait poser dessus et je n'ai aucun souvenir de mon propre regard sur les poils qui fleurissaient par endroits sur mon corps pré-pubère, ni aucun souvenir d'une remarque offensive ou maladroite à propos de mes poils. Il n'empêche que vers l'âge de 14 ans j’ai décidé de couper au ras ce qui m’a semblé être de trop sur mon corps. Ce qui m’a motivée dans un premier temps, c’était l’acte en lui-même, faire comme maman, comme ma soeur et comme les femmes de la télé qui avaient l'air si contentes et si satisfaites à la vue de leurs aisselles lisses, en gros devenir “une grande fille”. J'ai commencé à donner de l'importance à cette petite surface de ma peau, à craindre que les autres les voient, qu'on remarque que OH MALHEUR j'avais des repousses. . . . #lesensdupoil #feminism #feminist #madmoizellearmy #bodypositive #januhairy #bodyhairdontcare #lesprincessesontdespoils

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Pourquoi ? Car cela fait des décennies que l’on nous apprend et nous répète que « pour être belle », nous devons épiler ou raser certaines zones de notre corps. Une femme qui a des poils ou un duvet ne correspond pas aux standards de la société et aux photographies qui se trouvent dans les pages des magazines.

Et qu’importe si ça fait mal ou que l’épilation chez l’esthéticienne est coûteuse, on doit impérativement l’ajouter dans notre budget mensuel ! Eh oui, ça ne serait pas drôle si nos poils ne repoussaient que tous les six mois… Margot, Sophia, Alice, Charlotte et Laure ont décidé de dire stop. Elles déclarent à Rtbf.be :

« On estimait qu’il y avait un vrai manque de représentation du corps des femmes telles qu’elles sont vraiment. Ce qu’on [voit] dans les médias, ce sont des femmes sans poils, minces, blanches… On voulait montrer une autre image de la femme, loin des stéréotypes. »

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[3/3] @florence_loridon Je n’ai jamais vraiment exposé mes poils au ventre. Moi même je ne les trouve pas très beaux. Je voudrais quand même m’y habituer parce que je sais que c’est juste une question d’éducation et de norme : le fait de toujours voir des femmes avec la peau lisse dans les films et les magazines n'aidant pas. Je voulais donc contribuer, rajouter une petite pierre à l’édifice de l’acceptation du poil féminin, en participant à ce projet et en espérant pouvoir toucher cette jeune ado que j’étais qui se voit pour la première fois, devant le miroir, rasoir en main, à se raser les aisselles, pensant dès lors devenir une vraie femme. . . . #lesensdupoil #feminist #bodypositive #bodyhairdontcare #futureisfemale #bruxelles

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En effet, le « Sens du Poil » expose des clichés de femmes poilues qui assument fièrement. Elles racontent aussi à quel point leur parcours d’acceptation a pu être compliqué. Parmi les témoignages, celui de Violaine par exemple :

« Mes aisselles sont la première partie de mon corps où j’ai laissé mes poils tranquilles, un peu sur un coup de tête. C’est là que les poils sont le plus facilement visibles et pourtant ce sont ceux avec lesquels j’ai été le plus vite à l’aise. Ça a vraiment changé mon quotidien parce que j’avais l’habitude de me raser les aisselles, donc la repousse était très rapide et je devais m’en occuper tous les trois jours et je me retrouvais à faire un planning « rasage » mentalement en fonction de mon agenda. Maintenant, finies les aisselles irritées et en plus je m’aime mieux avec et je ne m’imagine plus les enlever. Ma vision du corps a complètement changé et je suis plus surprise par l’absence de poils à cet endroit chez quelqu’un que par leur présence. »

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[2/3] Violaine Mes aisselles sont la première partie de mon corps où j’ai laissé mes poils tranquilles, un peu sur un coup de tête. C’est là que les poils sont le plus facilement visibles et pourtant ce sont ceux avec lesquels j’ai été le plus vite à l’aise. Ça a vraiment changé mon quotidien parce que j’avais l’habitude de me raser les aisselles, donc la repousse était très rapide et je devais m’en occuper tous les trois jours et je me retrouvais à faire un planning « rasage » mentalement en fonction de mon agenda. Maintenant, finies les aisselles irritées et en plus je m’aime mieux avec et je ne m’imagine plus les enlever. Ma vision du corps a complètement changée et je suis plus surprise par l’absence de poils à cet endroit chez quelqu’un que par leur présence. . . . #madmoizellearmy #sororité #lesprincessesontdespoils #toutesunies #lesensdupoil

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Et l’engagement des 5 étudiantes belges ne s’arrête pas là !

Une web-série sur la pilosité féminine

Après avoir lancé une campagne de financement participatif, les 5 jeunes filles ont pu commencer à tourner leur propre web-série ! Depuis décembre 2019, elles ont diffusé 4 épisodes de moins d’une dizaine de minutes sur leur chaîne YouTube. L’objectif reste le même que la page Instagram : parler de la pilosité féminine et dédiaboliser le sujet.

Ici, il s’agit d’épisodes qui abordent le thème des normes qui pèsent sur les corps féminins. Et parmi eux, les poils bien sûr. Face caméra, plusieurs femmes racontent leur propre rapport aux poils. Elles confrontent leurs expériences et nous interrogent par là même occasion à propos de ces fameuses « normes » que nous sommes nombreuses à suivre.

Attention, le but n’est absolument pas de faire culpabiliser les femmes qui s’épilent. Il s’agit plutôt de montrer aux adolescentes qu’elles ont le choix de ne plus se soumettre. Que leur corps leur appartient et surtout, de leur proposer des photographies et témoignages de femmes qui leur ressemblent et s’assument au naturel :

« Le projet vise à conscientiser les jeunes femmes sur les mécanismes qui les entourent. Nous ne sommes donc pas des dictatrices du poil. Chacune devrait pouvoir poser ses choix par rapport à son corps en toute liberté et conscience. »

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[1/3] Léa J’avais dix ans quand j’ai associé pour la première fois mes poils au sentiment de honte. Avant un épisode très humiliant, mes poils me semblaient aller de soi. Je les acceptais même plus facilement que ma poitrine, souvent montrée du doigt. En 5ème primaire, j’exécutais régulièrement une imitation d’Elvis sur demande de plusieurs de mes camarades mecs. Cette performance (qui exigeait que je soulève les bras) avait l’air de faire tellement rire la galerie que j’en étais devenue fière (malgré l’aspect dégradant du rôle de clown de service). Elle me procurait le sentiment de faire partie un instant de la bande, moi qui avait du mal à m’intégrer. C’est quelques mois plus tard que j’ai réalisé que ce que je pensais être un petit show faisant de moi la meuf cool et drôle de la classe n’était en réalité qu’une farce pour se moquer de mes poils d’aisselles. . . . #lesensdupoil #lesprincessesontdespoils #bodyhairdontcare #bruxelles

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La pilosité féminine est-elle un sujet tabou pour vous ? En avez-vous déjà parlé avec votre fille ? Avez-vous souffert personnellement de cette injonction à se raser ou s’épiler constamment ? Venez nous rejoindre sur le forum, dans la rubrique Confiance en soi, afin d’en discuter ! 

Amandine Cadilhon
Amandine Cadilhon
Journaliste mode, mes articles, mettent en lumière les diverses tendances et styles qui façonnent l'univers de la mode féminine. Mon objectif est de proposer un contenu diversifié et accessible à toutes et tous, en soulignant l'importance de l'expression personnelle et de l'empowerment à travers la mode.
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