Cela ressemble à une devinette anodine, presque trop simple pour être prise au sérieux. Pourtant, elle a mis en difficulté des étudiants parmi les plus brillants de la planète. À Harvard, au MIT ou encore à Princeton, une question de logique, en apparence basique, ne laisse qu’un étudiant sur deux sur la bonne voie. Ce petit test, devenu célèbre dans le monde académique, révèle bien plus qu’un simple niveau en mathématiques : il met à l’épreuve notre façon de penser.
Un test de réflexion plus qu’un problème de chiffres
L’exercice en question a été imaginé par Shane Frederick, chercheur à Yale, dans le cadre de son Test de Réflexion Cognitive (Cognitive Reflection Test, ou CRT). Ce test n’est pas conçu pour mesurer votre capacité à calculer vite, mais pour observer si vous êtes capable de freiner votre première impulsion. Car la clé ici, c’est de ne pas se fier à son intuition.
Voici la fameuse question : « Une batte de baseball et une balle coûtent 1,10 $. La batte coûte 1 $ de plus que la balle. Combien coûte la balle ? ». La majorité des gens répondent spontanément : 10 centimes. C’est logique à première vue. Mais c’est aussi… faux.
Pourquoi 10 centimes n’est pas la bonne réponse
Prenons un instant pour vérifier : si la balle coûte 10 centimes, alors la batte devrait coûter 1,10 $ (car elle est censée coûter 1 $ de plus), ce qui ferait un total de 1,20 $. Or, on nous dit que le prix total est 1,10 $. Il y a donc une erreur quelque part.
La bonne réponse, c’est 5 centimes. Car si la balle coûte 0,05 $, alors la batte, qui est 1 $ plus chère, coûte 1,05 $. Ensemble, cela fait bien 1,10 $.
Une question simple qui révèle beaucoup
Ce test ne cherche pas à vous piéger, mais à observer un mécanisme mental : celui qui vous pousse à accepter une réponse trop rapide, sans l’examiner. Daniel Kahneman, psychologue et prix Nobel d’économie, en parle dans son livre « Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée ». Selon lui, ce genre d’énigme active d’abord notre « système 1 », rapide et intuitif, alors qu’il faudrait prendre le temps d’activer le « système 2 », plus lent, mais plus rigoureux.
Ce n’est pas parce que vous répondez mal que vous êtes « moins bon ». Même dans les universités les plus réputées, les étudiants se laissent prendre. En dehors de Harvard, d’autres établissements ont testé leurs élèves avec ce type d’énigmes : dans des universités moins élitistes, le taux de réussite tombe parfois en dessous de 20 %. Ce test montre surtout une chose : réfléchir avant de répondre, ça change tout.