Dès que la nuit tombe sur Bucha, un étrange ballet commence. Les « Bucha Witches », comme elles se surnomment, sortent pour veiller sur le ciel ukrainien. Dans un pays ravagé par la guerre, cette unité de défense aérienne volontaire, composée majoritairement de femmes, incarne une nouvelle force face à l’agression russe.
Une réponse féminine face à la guerre
Alors que les forces armées ukrainiennes manquent de soldats, en particulier avec le déploiement massif des hommes sur les lignes de front, les femmes prennent de plus en plus de place dans l’effort de guerre. Depuis le début de l’invasion russe, 67 000 femmes ont rejoint les rangs de l’armée, représentant aujourd’hui 15% des effectifs militaires ukrainiens, un chiffre essentiel pour combler les besoins.
À Bucha, ville tristement célèbre pour avoir subi de violentes atrocités lors de l’occupation russe, ces volontaires combinent leur vie quotidienne avec leur mission nocturne. Médecins, enseignantes ou manucures le jour, elles deviennent gardiennes du ciel la nuit. Calypso, 32 ans, engagée depuis avril, explique pour TF1: « Ça aide les hommes de notre unité. Ils peuvent partir au front, pendant que nous protégeons leurs familles ici. »
Des moyens vétustes mais efficaces
Les armes à disposition de ces « sorcières » sont loin des équipements modernes : deux mitrailleuses Maxim datant de 1939, vestiges d’une autre époque, maintenues avec soin. Malgré leur âge, elles ont permis d’abattre trois drones depuis l’été, selon les témoignages recueillis par BBC. Serhiy, le seul homme de l’équipe, veille à ce que les armes ne surchauffent pas en les arrosant d’eau. « C’est la seule chose disponible. Les meilleures équipes et équipements sont au front », précise-t-il.
Les drones russes, lancés par vagues pour saturer les défenses ukrainiennes avant les attaques de missiles, représentent une menace constante. Chaque nuit, les « sorcières » affrontent cette pression avec détermination et courage.
De la tragédie personnelle à l’engagement
Pour certaines, cet engagement est également le fruit d’une tragédie personnelle. Olena, 44 ans, a choisi de devenir démineuse après avoir perdu son mari, victime d’une mine. Aujourd’hui, elle touche 1 000 euros par mois, soit deux fois le salaire moyen ukrainien, et exerce au sein d’une ONG où 30% des effectifs sont des femmes, un chiffre en constante progression.
Un pays en manque de main-d’œuvre
L’Ukraine doit également faire face à un autre défi : la raréfaction de la main-d’œuvre. Entre la mobilisation d’environ un million d’hommes et la fuite de 2 à 3 millions d’autres du marché du travail par crainte de mobilisation, les femmes jouent un rôle crucial pour assurer la continuité économique et militaire du pays.
Un effort de guerre féminisé et indispensable
Les « Bucha Witches » symbolisent cette mutation de la société ukrainienne, où les femmes prennent des responsabilités inédites pour défendre leur pays. Leur combat est celui de la résilience, d’une nation qui, malgré la guerre, continue de se battre sur tous les fronts.
Comme l’affirme TF1, les femmes soldats sont désormais un maillon essentiel de l’effort de guerre ukrainien. À Bucha comme ailleurs, leur courage et leur détermination inspirent, prouvant que face à l’adversité, l’unité d’un peuple n’a pas de genre.
Cette montée en puissance des femmes dans l’effort de guerre souligne non seulement leur rôle essentiel sur le terrain, mais aussi leur capacité à briser les stéréotypes dans une société transformée par le conflit. À travers leur courage et leur engagement, elles écrivent une page cruciale de l’histoire de l’Ukraine. Leur combat, souvent silencieux et invisible, rappelle que la résistance est multiple et qu’elle trouve toujours un chemin, même dans les heures les plus sombres.