Découvrez le témoignage poignant et sans concessions d’Elsa, une jeune femme passée de l’anorexie à la boulimie, qui apprend aujourd’hui à s’accepter et à s’aimer comme elle est ! Une jolie histoire et un message plein d’espoir que la jeune femme nous transmet-là.
Du régime à l’anorexie, la descente aux enfers d’une jeune fille complexée
J’ai toujours eu un rapport conflictuel avec mon corps, je suis tombée dans l’anorexie vers l’âge de 13 ans, car j’étais un peu boulotte au collège, pas obèse, juste bien portante, c’est pour dire la méchanceté des gamins à cet âge la, à l’âge où l’on se construit… Et donc on se foutait de ma gueule, les filles , les garçons. Je souffrais de ne pas être comme d’autres filles, qui, elles, étaient encore filiformes.
J’ai décidé de faire un régime vers mes 13 ans, j’ai très vite perdu et suis passée de 60kg pour 1,60m à 48 kg. Là, c’était parfait, je rentrais dans du 34 et les regards avaient changé, j’étais mieux dans ma peau, mais pas totalement. Je ne me voyais pas maigrir, sincèrement, j’ai perdu 10 kg sans m’en apercevoir. Il n’y a qu’en voyant que mes jeans ne m’allaient plus que je reconnaissais avoir perdu, et comme je ne me pesais pas par peur d’être toujours trop grosse, c’est en allant chez le médecin que je connaissais mon poids.
Je ne me voyais pas maigrir
Toujours est-il que je continuais à manger peu, à faire du sport et donc à maigrir, mais de façon assez progressive jusqu’à mes 16 ans où j’ai commencé à perdre très vite, 10kg en 1 mois et je suis passée de 45 kg à 35 kg pour 1,64 m (j’avais un peu grandi).
Je ne me voyais toujours pas maigrir, et je ne comprenais pas que les autres se fassent du souci pour moi ou me disent que j’étais trop maigre. Moi, je me voyais énorme, vraiment, un monstre. Je me trouvais « répugnante, dégoulinante » de graisse alors que mes os dépassaient et que je pouvais faire le tour du haut de mes cuisses avec mes mains.
Non seulement, ce que je voyais dans le miroir, c’était un corps gros, mais en plus, je sentais la graisse (que je n avais pas) peser sur mon corps, mon ventre quand j’étais assise, je le sentais, mes cuisses qui s’étalaient, etc… C’était vraiment une sorte de psychose, de perte de contact avec la réalité causée par la dénutrition… Mon cerveau déconnait à plein pot !
Elsa, l’anorexie, et la dysmorphophobie
Je n’avais plus mes règles, j’étais crevée tout le temps, j’avais mal partout dans le corps. J’ai dû être hospitalisée plusieurs fois pour reprendre du poids, mais je me suis toujours démerdée pour les reperdre en sortant.
Le poids le plus bas que j’ai atteint est 28 kg pour 1,64 m, c’était vraiment très maigre, là je parle avec le recul, car j’ai des photos de cette époque, mais à ce moment là, je me considérais comme grosse, dégueulasse, ignoble… J’avais envie, je cite : « de m’arracher la graisse des hanches, du ventre, des cuisses et des joues », c’était viscéral ce dégoût et cette haine profonde de mon corps.
Mais ce corps que je haïssais n’était pas le mien, mais l’image que j’en avais. J’avais gardé en tête le corps de mon adolescence avec ses rondeurs qui m’ont tant complexée, et inconsciemment, j’ai dû amplifier mes défauts car je diabolisais la graisse.
A 28 kilos pour 1,64 m, je me sentais énorme !
À 28 kg je me sentais énorme, je m’habillais en prenant en exemple les « comment s’habiller quand on est ronde » qu’on trouvait dans BIBA ou Glamour. Je massais mes jambes osseuses avec du gel anti-capitons, je massais si fort pour « désinfiltrer toute cette graisse », que je me faisais des hématomes sur les jambes et les hanches.
En plus d’être maigre au point de risquer de mourir, je me privais de toute vie sociale, je vivais enfermée chez moi à calculer les calories et mon centre d’intérêt de l’époque c’était de savoir si je mangeais des endives bouillies ou des carottes râpées. Je m’épuisais au sport et me sentais engraisser si je n’allais pas courir 1h par jour.
Quand l’anorexie se transforme en boulimie
Cet enfer a duré 10 ans, où j’ai fluctué entre 28 kg et 42 kg, jusqu’à l’an dernier où j’ai commencé à faire de grosses crises de boulimie, d’hyperphagie plutôt, car je ne vomissais pas. Je suis passée de 500 calories/jour à plus de 10 000 !
Je mangeais à ne plus pouvoir marcher, à exploser, à transpirer, à avoir mal au ventre. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas pu me contrôler à ce moment là, comment j’ai pu perdre le contrôle à ce point alors que j’étais hyper rigide avant.
Je ne me reconnaissais plus dans cette frénésie alimentaire, ni dans ce nouveau corps, car je suis passée d’un extrême à l’autre sans période d’adaptation, et je suis passée de 38 kg à 67 kg en deux mois.
C’était absolument horrible, je devenais mon pire cauchemar : une « grosse », un tas, une vache. Je suis retournée à l’hôpital car à ce moment-là, j’ai pensé au suicide… Cela m’a aidée car en sortant (avril dernier), ça allait beaucoup mieux, j’avais stabilisé, voire un peu perdu et surtout, je me trouvais « potable », j’acceptais d’être comme j’étais, c’est-à-dire ronde. J’acceptais de quitter « mon anorexie », qui m’avait absorbée pendant 10 ans, qui était devenue l’étendard de ma personnalité. Et bien je l’avais quittée et je m’étais retrouvée moi-même, j’étais moi-même.
Aujourd’hui, tout va mieux !
Certes, je n’aime pas mon corps, mais je ne le déteste plus comme j’ai pu le haïr auparavant. Avant je reniais mon corps, je le haïssais, je le vomissais du plus profond de moi-même et ce, même si j’étais squelettique. Aujourd’hui, je n’aime pas mon corps, mais j’accepte qu’il soit là, avec moi, qu’il fasse partie de moi et qu’il me représente.
Je sais aussi que je ne me résume pas à mon corps, je suis moi avant d’être « anorexique », je suis moi avant d’être ronde, je suis Elsa, ronde, piercée, tattouée, heureuse, fiancée… Et oui car en sortant de l’hosto l’année dernière, je me suis décidée à sortir et à profiter de ma vie de jeune femme, et j’ai rencontré mon chéri actuel, qui a su me redonner confiance en moi et le goût de la vie. J’aime ce que je suis, ce que je suis devenue
Le regard d’Elsa sur l’estime de soi
L’estime de soi est quelque chose de difficile à acquérir, et c’est aussi très fragile. Ça peut s’effondrer pour un regard dans le miroir de la cabine d’essayage d’H&M… Genre ça va je me kiffe bien ce matin, je suis pas trop vilaine, je vais aller faire les boutiques et BIM : la désillusion, le drame : ta cellulite et tes bourrelets en gros plan, éclairés par le haut avec de vieux néons jaunâtres, tu te vois de derrière et de côté, et là tu te dis : « c’est ça que les gens voient quand je suis de dos ? Je ne sors plus jamais de chez moi ! ».
Tu n’achètes rien et tu rases les murs du magasin, le cul collé au mur en te disant que tu es le pire thon que la terre ait jamais porté depuis la nuit des temps, tu rentres chez toi dépitée et entièrement vidée de ton estime personnelle… Tu te sens une sous sous sous merde et pour te consoler de tes malheurs, tu ouvres le pot de Häagen-Dazs et tu te l’enfiles pour combler ton manque d’estime personnelle… Et plus tard tu regrettes car tu vas encore grossir, tu n’es qu’une grosse larve dégueulasse et sans volonté !
Et voilà, l’estime de soi ne doit pas se baser sur la beauté physique mais sur la beauté de l’âme. Ça fait culcul la praline mais bon, y a des gens « moches » qui s’assument et s’estiment, c’est parce qu’ils savent qu’ils sont de belles personnes à l’intérieur et que c’est ça qui leur donne leur valeur. La beauté c’est agréable, mais c’est un leurre… Et à courir après un idéal on se fait du mal.
Donc en gros, il s’agit de s’accepter même si on ne ressemble pas à notre idéal de beauté, s’accepter pour ce que l’on est : quelqu’un de bien !