On ne vous apprend rien de nouveau. Notre société est dictée par des normes sexistes et machistes. Ce phénomène est d’autant plus fort dans la sphère sportive. Jupe trop courte, combinaison pas assez courte, bikini insuffisamment échancré… quoi qu’elles portent, les sportives sont assujetties à du sexisme et à des discriminations, de la part des hommes.
De l’Europe à l’Asie, les athlètes féminines contestent de plus en plus ces règles vestimentaires et brisent les tabous. Le combat ne fait que commencer.
Le sexisme vestimentaire : une affaire qui ne date pas d’hier
Même si vous n’êtes pas un.e grand.e adepte du sport féminin, vous constaterez tout de même que les femmes sont soumises à un code vestimentaire bien particulier, contrairement à leurs homologues masculins. Mini-jupes exigées pour les tenniswomen, bikini pour les joueuses de Beach handball, ou tout simplement une tenue obligatoirement hyper-féminine. Et ce sexisme envers les femmes ne date pas d’hier.
Depuis les années 1880, le sport a toujours rimé avec apparence plutôt que performance pour les femmes. Si elles ont le droit de pratiquer du sport, c’est avec chic et élégance qu’il faut se vêtir. En 1874, celles qui jouaient au tennis portaient obligatoirement une robe longue et un corset par exemple. De quoi être libre de ses mouvements, n’est-ce pas ?
Le seul avantage, si l’on peut dire cela, c’est qu’au moins leurs tenues n’étaient pas aussi légères et sexualisantes qu’aujourd’hui. C’est d’ailleurs qu’en 1930, que le short féminin voit le jour et devient la tenue idéale pour le confort sportif. En revanche, avec le temps, ce short s’est raccourci peu à peu et s’est décliné en mini-short. Et les règlements sur l’uniforme sportif sont devenus de plus en plus sexistes et machistes envers les femmes.
Des tenues sexy pour satisfaire, avant tout, les hommes
Si dans la théorie ces règlements sont censés apporter plus de confort et de praticité pour les joueuses, en réalité c’est toujours et encore une histoire d’apparence. Les femmes doivent porter des tenues « attractives » pour les spectateur.ice.s, plus précisément les hommes. Tandis que les joueurs, eux, sont libres de porter le vêtement qui favorise le mieux, leur performance sportive. Quel bel exemple de sexisme !
« Les femmes devraient avoir des shorts plus serrés pour créer une esthétique plus féminine et ainsi augmenter la popularité du sport », déclarait le président de la FIFA Sepp Blatter en 2004
En outre, ces contraintes vestimentaires sont loin d’être les alliées des femmes, bien au contraire. Par exemple, dans le tennis, la tradition veut que les joueuses portent obligatoirement du blanc. Une couleur, qui en période de règles, est inadaptée pour les femmes.
La joueuse de tennis, Qinwen Zheng avait elle-même exprimé, le mois dernier, l’impact de son stress lié à la possibilité d’avoir ses règles en plein match sur son jeu. D’autres joueuses se sont également confiées sur le fait qu’elles se sentent scrutées par les hommes durant les jeux et qu’elles entendent souvent des commentaires sexistes et machos de la part des spectateurs.
« Il n’y a pas beaucoup de filles dans l’eau, alors c’est vrai que j’ai parfois cette impression de me faire juger, que l’on me regarde, même si ce n’est pas toujours le cas. Quand je me change sur le parking après une session, c’est la même chose, je sens parfois les regards sur moi », explique une surfeuse amatrice au média Terrafémina
Les sportives se rebellent et brisent les tabous
Fort heureusement, de multiples sportives se sont rebellées contre ces diktats et demandent qu’on les laisse s’habiller librement. Ce qu’a fait l’équipe de gymnastique allemande des Jeux olympiques. Les gymnastes ont décidé de porter des combinaisons intégrales à la place du justaucorps obligatoire.
Mais cette émancipation de la femme sportive n’est pas sans polémique. Pensons aux joueuses norvégiennes de beach handball, qui ont écopé en 2021 d’une amende de 1500 euros par la Fédération européenne de handball, sous prétexte qu’elles ont enfilé un short à la place d’un bikini « ajusté et échancré ».
Comme dans le reste de la société, ces injonctions sont contradictoires. Alors que ces Norvégiennes ont été sanctionnées, Olivia Breen, athlète paralympique Britannique s’est vue reprocher un « top court et inapproprié », en 2021 lors d’une compétition d’athlétisme.
Malgré ces réactions, les athlètes ne semblent pas se décourager et continuent à briser les tabous. On pense à l’athlète Ona Carbonell qui a demandé, en 2021, à pouvoir allaiter son enfant. Ou encore, à l’acte controversé de la tenniswomen Serena Williams, en 2018. La championne avait arboré une combinaison moulante noire allant du cou à la cheville, l’aidant à surmonter ses problèmes physiologiques, à la place d’une mini-jupe.
Bien que les langues se délient de plus en plus, les discriminations et le sexisme sont encore très largement ancrés dans le monde sportif. Encore un combat que les femmes doivent s’efforcer de mener…