Les adjectifs, ces petits mots colorés qui ajoutent de la saveur à nos descriptions, qui donnent de la personnalité à nos récits… ou qui peuvent aussi, dans certains cas, devenir des pièges. Car derrière chaque adjectif se cache une réalité : la façon dont nous percevons le monde, et surtout, les personnes. Et quand il s’agit des femmes certains adjectifs sont comme des vieilles chaussettes qu’on traîne encore au fond du tiroir sans savoir pourquoi. Il est grand temps de faire du tri et de laisser tomber certains termes franchement dépassés, voire carrément sexistes. Voici le top des adjectifs (liste non exhaustive) qu’il faut arrêter d’utiliser pour parler des femmes – sérieusement, on en a marre !
Hystérique
Commençons par un grand classique, ce mot devrait être banni à tout jamais du vocabulaire quand il s’agit de décrire une femme. Originaire du mot grec « hystera » qui signifie « utérus », l’hystérie a longtemps été associée à une maladie exclusivement féminine. Selon cette croyance archaïque, les femmes, sous l’influence de leur utérus, étaient sujettes à des comportements irrationnels, des émotions incontrôlables et des crises de nerfs.
Aujourd’hui, on utilise « hystérique » pour qualifier une femme qui s’énerve ou qui montre une forte émotion. Mais pourquoi, lorsque les hommes crient ou s’emportent, parle-t-on simplement de « colère » ? Derrière l’adjectif « hystérique » se cache l’idée pernicieuse que les femmes sont, par essence, plus émotives, moins rationnelles, voire dérangées. Alors non, mesdames et messieurs, une femme en colère n’est pas hystérique. Elle est en colère, comme tout être humain normal.
Féline
Passons à une image plus « glamour », mais tout aussi problématique. Le terme « féline », souvent utilisé pour décrire une femme jugée séduisante, suggère un comportement animal, mystérieux, voire sauvage. On l’associe à des mouvements sensuels, une démarche souple, un regard perçant. Bref, une femme qui ressemble à un chat. Mais pourquoi les femmes devraient-elles être comparées à des félins ?
En réalité, cet adjectif véhicule une image stéréotypée de la femme dite « fatale », une figure de séduction construite par et pour les hommes. Car derrière cette métaphore félinesque se cache l’idée que la femme doit séduire, attirer, envoûter, comme une proie que l’on chasse ou que l’on contemple de loin. Peut-on arrêter d’imaginer les femmes comme des panthères prêtes à bondir et accepter qu’elles puissent juste être… des personnes ?
Émotive
Un classique de la perception genrée… Une femme qui pleure, qui réagit vivement à une situation, ou qui montre de l’empathie ? Émotive. Le problème ici, c’est que ce mot est souvent employé avec une connotation négative, sous-entendant qu’une femme qui exprime ses émotions manque de contrôle ou de rationalité. On en revient au cliché selon lequel les femmes sont « trop émotionnelles » pour être prises au sérieux, en opposition aux hommes, soi-disant plus « rationnels » ou « stoïques ». Pourtant, les hommes aussi ressentent des émotions, mais eux, ne sont pas automatiquement catalogués comme « émotifs » dès qu’ils les expriment.
L’empathie, la sensibilité ou la capacité à exprimer des émotions ne sont pas des faiblesses. Ces qualités sont des forces, elles permettent d’être à l’écoute, de comprendre les autres, de créer des liens. Sauf que quand une femme est qualifiée « d’émotive », c’est souvent pour décrédibiliser son point de vue, comme si ses émotions rendaient ses arguments moins valides. Un homme qui montre ses émotions est « sensible » ou « profond », tandis qu’une femme qui fait la même chose est vue comme « irrationnelle ». Abandonnons l’usage de « émotive » au profit d’un vocabulaire plus valorisant : « empathique », « expressive » ou encore « intuitive ». Parce que ressentir et exprimer ses émotions est une belle qualité, et elle ne devrait pas être dénigrée, qu’importe notre genre.
Pétillante
Ah, le fameux « pétillante », cet adjectif que l’on associe souvent à une femme pleine de vie, souriante et dynamique. Ce mot a l’air inoffensif, et pourtant, il porte une charge très particulière quand on l’applique aux femmes. Il a un côté « mignon », comme si une femme énergique devait forcément être « adorable » et « joviale ». En réalité, « pétillante » enferme souvent la femme dans une case de gaieté quasi-obligatoire, où elle est attendue pour être légère, amusante et divertissante.
Imaginez-vous un homme qualifié de « pétillant » ? Non, les hommes sont « énergétiques », « dynamisés » ou « stimulants », des adjectifs qui sous-entendent de la puissance et du respect. Chez les femmes, ce même trait est minimisé par des termes qui les rendent plus « charmantes » que « respectables ». Il serait grand temps d’abandonner ce qualificatif pour en adopter d’autres, moins infantilisants, comme « vibrante » ou « énergique » – et de s’assurer que l’énergie féminine soit vue pour ce qu’elle est : puissante.
Ambitieuse
L’ambition, un vilain défaut… chez les femmes, bien entendu. Une femme qui veut réussir, qui a des objectifs clairs et qui n’a pas peur de s’affirmer est souvent qualifiée « d’ambitieuse » avec une connotation négative. Comme si le simple fait de vouloir grimper les échelons ou atteindre des sommets était suspect, voire égoïste.
Là où les hommes ambitieux sont admirés pour leur détermination et leur vision, les femmes ambitieuses sont souvent perçues comme froides, calculatrices, voire manipulatrices. L’ambition est une qualité humaine, et non genrée. On peut aspirer à de grandes choses sans être pointé.e du doigt pour autant. Et si on cessait de considérer l’ambition féminine comme une anomalie ?
Fragile
Ah, le fameux « fragile »… Un adjectif qu’on colle souvent à la peau des femmes, comme si la fragilité faisait partie de leur ADN. Une femme qui pleure ? Fragile. Une femme qui doute ? Fragile. Une femme qui demande de l’aide ? Fragile. Mais pourquoi une femme qui exprime ses émotions ou ses besoins est-elle automatiquement perçue comme faible ?
Derrière ce mot se cache une vision encore très genrée des rôles sociaux : les femmes seraient les créatures sensibles, vulnérables, qui ont besoin d’être protégées. Ce stéréotype est non seulement désobligeant, mais aussi réducteur. La fragilité n’est pas une qualité intrinsèque des femmes. Tout le monde, qu’importe son genre, peut se sentir vulnérable à un moment donné et c’est ok. Et si on laissait la fragilité à ceux qui en ont réellement besoin : les clichés, par exemple ?
Autoritaire
Cet adjectif est souvent réservé aux femmes qui prennent des décisions fermes, qui savent s’imposer ou qui dirigent avec assurance. Contrairement aux hommes, qui dans la même situation seraient qualifiés de « leaders », « décisifs » ou encore « charismatiques », les femmes autoritaires sont souvent perçues comme étant trop dures, voire détestables. Ce terme véhicule l’idée que l’autorité naturelle serait une qualité virile, tandis que chez les femmes, elle serait anormale, suspecte, ou même menaçante.
Pourquoi ces deux poids deux mesures ? Exercer l’autorité ne devrait pas être un défaut, qu’importe notre genre. Une femme qui s’affirme, qui sait ce qu’elle veut et comment l’obtenir n’est pas « autoritaire » au sens négatif où l’on emploie souvent ce terme. Elle est simplement capable de diriger et d’assumer des responsabilités avec assurance. Il est grand temps de reconnaître que la capacité à diriger n’a pas de genre. Utilisons des adjectifs comme « décisive », « affirmée » ou « inspirante », tout comme nous le ferions pour un homme.
Capricieuse
Dernier adjectif sur la liste, mais pas des moindres. Une femme qui change d’avis ? Capricieuse. Une femme qui veut quelque chose ? Capricieuse. Une femme qui ne se laisse pas faire et revendique ce qu’elle pense être juste ? Eh bien, capricieuse ! Derrière cet adjectif se cache une forme de dénigrement subtil qui infantilise les femmes.
Un caprice, c’est quoi ? C’est un désir soudain, impulsif, souvent jugé sans importance. En utilisant cet adjectif pour décrire les femmes, on minimise leurs opinions, leurs besoins et leurs revendications, comme si elles étaient dictées par des impulsions irrationnelles et non par une réflexion mûrie. Une femme qui sait ce qu’elle veut n’est pas capricieuse, elle est simplement déterminée. Et cela vaut pour tout le monde.
Les mots ont un pouvoir immense. Ils façonnent notre perception de la réalité et influencent la manière dont nous interagissons avec les autres. En continuant d’utiliser ces adjectifs pour décrire les femmes, nous perpétuons des stéréotypes et des clichés qui n’ont plus leur place dans notre société. Il est grand temps de réévaluer notre langage. Les femmes méritent bien plus que ces vieux adjectifs poussiéreux !