À chaque rendez-vous, c’est la course-contre-la-montre. Malgré toute la bonne volonté du monde, impossible d’arriver à l’heure. Que ce soit pour une réunion professionnelle, une virée shopping ou même un check-up médical, il n’y a rien à faire, la ponctualité n’est pas votre fort. Si vous faites partie des cancres du chrono, sachez que ce comportement est loin d’être de la pure fainéantise. Voici les raisons qui peuvent expliquer le fait d’être en retard. Vos proches ne vous en feront plus toute une pendule (sans mauvais jeu de mot).
Être toujours en retard, c’est grave docteur ?
Le scénario se répète en boucle. À chaque sortie, c’est la même rengaine. Quand la malédiction du timing frappe, elle ne fait pas semblant. Le téléphone est criblé de notifications à base de « tu seras là dans combien de temps ?”, « t’as intérêt à être à l’heure”, « t’es parti.e de chez toi ?”.
Et vous, dans le feu de l’action vous répondez du tac-au-tac « je suis en route”, alors qu’en réalité, vous n’en êtes qu’à la moitié de votre make up. Version humaine du lapin pressé d’Alice au Pays des merveilles, votre vie se conjugue inlassablement au speed. Mais si l’on creuse un peu, ce petit défaut que vos proches blâment régulièrement n’est pas si péjoratif.
D’après une étude menée à l’Université d’État de San Diego, les personnes en retard sont même décontractées, faciles à vivre et plus optimistes. Mieux encore, les retardataires chroniques ont une santé mentale plus stable « en raison d’une faculté à se concentrer sur le présent, au lieu de s’inquiéter pour le futur”.
Malgré ce bilan radieux, le fait d’être toujours en retard est rarement perçu d’un bon œil en société. Dans le monde professionnel, cette discorde avec le temps peut même conduire à la pire des sentences : la sanction disciplinaire. Côté amitiés, c’est le procès assuré.
Si le retard s’attire les mots « irrespects » et « paresses », il se range en réalité dans la catégorie des troubles comportementaux. Finalement derrière cette attitude, devenue une vraie signature, les incorrigibles de la montre cachent des facettes plus ou moins perverses.
Une mauvaise gestion du temps
Le temps file à vitesse grand V et certain.e.s parviennent à le maîtriser tandis que d’autres y échappent totalement. C’est la dure loi de la nature. Les personnes en retard n’agissent ainsi pas pour agacer la galerie, au contraire. Elles s’usent au sprint, s’engouffrent dans le métro de justesse et enchaînent les morning routine en accélérée. C’est le grand rush quotidien.
En fait, les retardataires ont un faible sens des priorités. Résultat : iels négligent le pouvoir de l’anticipation et se retrouvent sans cesse piègé.e.s par les aiguilles de l’horloge, ces farceuses de mauvais goût.
« Les personnes en retard ont tendance à se perdre dans tout ce qu’ils font sur le moment et à ne pas découvrir l’heure avant qu’il ne soit trop tard », étaye Alfie Kohn, spécialiste en comportement humain à PsychologyToday
Le même schéma se reproduit à chaque fois, de façon presque machinale. Cette pression du compte à rebours se justifie aussi par une gentillesse extrême et une peur bleue du « non ». Malgré un agenda de ministre, les personnes en retard se montrent disponibles sur commande. Un.e ami.e a besoin d’écouler sa peine dans vos bras ? Vous accourez. Un.e voisin.e est en galère avec son chat ? Vous êtes au garde-à-vous.
Autant d’imprévus qui se greffent aux autres événements et qui trahissent une nouvelle gaffe du chrono. Les retards traduisent également des difficultés à savoir ce que l’on veut et à devenir le leader de sa propre vie. C’est une manière inconsciente de fuir ses responsabilités.
Être en retard, une façon de dominer l’autre
Les personnes en retard savent se faire désirer. À chaque rendez-vous, le suspense est aussi palpable que dans l’un de ces thrillers angoissants. Et si ce manque de ponctualité était une sombre parade pour mieux dompter l’autre ? C’est ce que suggèrent les expert.e.s en psychologie.
« Par son retard, la personne qui fait attendre instaure donc une relation sadomasochiste. En arrivant en retard, le.a bourreau place la personne qui l’attend en position de victime », explique la psychanalyste Agnès Payen de La Garanderie dans les colonnes de Doctissimo
Un penchant à la fois calculé et vicieux qui crée une sorte de dépendance malsaine. Les personnes en retard finissent par avoir toutes les cartes en main. En prime, elles renvoient une image de starlette overbookée, aussi sollicitée (si ce n’est plus) qu’un.e chef.ffe d’État. Cette attitude tape à l’œil saupoudrée d’un « désolé.e, j’avais mille choses à faire”, a pour seule vocation de décaper l’égo.
Le retard permanent, un symptôme du TDAH
Si vous êtes sans cesse en retard, le TDAH, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, est peut-être aussi passé par là. Cette pathologie, qui concerne entre 400 000 et plus d’un million de jeunes en France, se décline sous plusieurs symptômes. Hormis les difficultés à gérer ses émotions, les troubles de l’humeur et l’impatience, le TDAH est aussi intimement lié au retard. Chez les personnes porteuses de TDAH, la fameuse horloge interne est en panne sèche, ce qui agit directement sur la perception du temps.
Que ce soit pour calculer de tête la cuisson des pâtes ou estimer si la baignoire est remplie, cette mesure innée leur est complètement hors de portée. Dans le jargon scientifique, on appelle ça la cécité du temps, théorisée par le professeur Kenneth K. Kidd. En résumé, les personnes porteuses de TDAH ont des difficultés de traitement sensoriel, elles sont incapables de se référer correctement au passage du temps.
Les personnes en retard ont des profils très différents allant du simple au double. Malgré les astuces vouées à gagner du temps comme le batch cooking, le batch dressing ou les post-it « rappels » en pagaille, la relation avec les montres reste chaotique. Mais maintenant, vous avez d’autres arguments en stock pour changer de l’inconditionnel « j’ai raté mon RER ». Un peu de nouveauté !