Coup de massue. Le 24 juin dernier, la Cour suprême des États-Unis a annulé le droit à l’avortement et laisse désormais chaque État libre d’autoriser ou non l’IVG. Certains l’ont d’ores et déjà rendu illégale comme le Missouri, l’Arkansas, la Louisiane ou encore l’Oklahoma.
Alors que chaque année, 4,7 % à 13,2 % des décès maternels sont dus à un avortement clandestin, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette nouvelle choquante renvoie l’Amérique 50 ans en arrière. Point sur ce droit, loin d’être universel.
L’IVG, un droit pas si universel
L’interruption volontaire de grossesse, ou avortement, est une opération chirurgicale ou médicale qui consiste à interrompre une grossesse. Elle ne peut être réalisée que jusqu’à 12 semaines de grossesse dans certains pays, 14 dans d’autres ou encore moins. Cette opération doit être obligatoirement réalisée et encadrée par des professionnel.le.s de santé, au risque de provoquer des séquelles ou de mourir.
Avoir accès à la contraception et à l’IVG sécurisée est une question de santé publique. Cependant, ce droit censé être universel n’est pas autorisé partout. Conséquences ? Certaines femmes optent, à contrecœur, pour des avortements clandestins non sécurisés. Et ce phénomène n’est pas peu répandu. En effet, selon les chiffres de l’OMS, rien qu’en 2021, 45 % de l’ensemble des avortements étaient non sécurisés.
De son côté, le Planning familial avait publié dans un rapport de 2016 que les IVG clandestines entraînaient la mort de 47 000 femmes à travers le monde, soit un décès toutes les 9 minutes. Des chiffres glaçants, qui ne semblent pas s’améliorer, puisqu’encore aujourd’hui de nombreux pays l’interdisent, parmi eux, les États-Unis.
Quels pays interdisent l’avortement en 2022 ?
Un bond de 50 ans en arrière pour les États-Unis. Le 24 juin 2022 dernier, la Cour suprême annulait l’arrêt Roe v. Wade qui garantissait le droit à l’avortement dans tout le pays depuis 1973. Désormais, chaque État américain est libre d’interdire ou d’autoriser l’IVG.
De fait, depuis cette décision, déjà 13 États conservateurs (Arkansas, Idaho, Kentucky, Louisiane, Mississippi, Missouri, Dakota du Nord et du Sud, Oklahoma, Tennessee, Texas, Utah et Wyoming) qui profitaient des « triggers laws » (loi à déclencheurs, en français), lois visant à restreindre ou à interdire l’avortement, ont suivi le pas.
Mais si ce revirement choque plus d’un.e, dans d’autres pays l’IVG n’a jamais été une option. En effet, l’avortement est interdit dans près d’une vingtaine de pays, notamment en Afrique. L’Égypte, le Sénégal, le Gabon, Madagascar ou encore la Mauritanie l’interdisent.
Même pratique dans le continent sud-américain. L’avortement n’est pas autorisé au Suriname, au Nicaragua et au Salvador. Pire encore, le Salvador a adopté une législation visant à emprisonner les femmes pratiquant une intervention ou une fausse couche.
L’Europe n’est pas en reste non plus. En 2020, le Tribunal constitutionnel en Pologne a renforcé ses restrictions. Il n’est autorisé d’interrompre sa grossesse qu’en cas de viol, d’inceste ou de mise en danger de la vie de la mère. Ailleurs, l’avortement est soumis à diverses conditions, de plus en plus restrictives.
Droit à l’avortement : comment aider les femmes ?
Face à ce fléau innommable, les citoyen.ne.s et les associations se mobilisent pour défendre ce droit fondamental. En 2016, les militant.e.s affichaient des slogans tels que « Ceci n’est pas un cintre » en référence aux méthodes clandestines pour avorter.
En effet, l’utilisation de cintres, d’aiguilles à tricoter et bien d’autres techniques violentes (chute volontaire, coups au ventre, absorption de produits chimiques) était courante lors des avortements clandestins. Cette pratique serait encore fréquente dans les pays qui n’autorisent pas l’avortement.
Ainsi pour venir en aide aux femmes, diverses possibilités s’offrent à vous :
- Faire des dons et soutenir les organisations nationales et les associations. Ces structures s’assurent que l’avortement est pratiqué de façon sûre et à des coûts raisonnables. Il y a Naral, Planned Parenthood , ACLU (American Civil Liberties Union), Planning familial…
- Militer sur place ou sur les réseaux sociaux. À l’heure où l’activisme peut se faire aussi en ligne, vous pouvez partager des événements, des photos ou des articles à ce sujet pour éveiller les consciences et sensibiliser les gens sur la situation.
- Accompagner les femmes qui souhaitent avorter. Aux États-Unis, il est possible de s’inscrire en tant qu’accompagnateur.ice dans une clinique d’avortement. Cela peut apporter une grande aide à la personne concernée puisque dans certains états d’Amérique des militant.e.s anti-IVG manifestent devant les hôpitaux pour humilier et décourager les personnes souhaitant interrompre leur grossesse.
Ainsi grâce à ces gestes citoyens, vous participerez à l’avancée des droits des femmes qui sont encore fragiles. Et comme l’a si bien dit Simone de Beauvoir :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »
Et vous, que pensez-vous de cette récente actualité, de ces chiffres sur les avortements clandestins ?