Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce sujet concerne également les (très) jeunes couples. Et malheureusement, les violences conjugales chez les adolescent·e·s sont aussi tabou que chez les plus âgé·e·s. Pire encore, les victimes ont du mal à les identifier. La marque beauté Yves Saint Laurent a donc décidé de s’engager auprès de l’association « En avant toutes« , par le biais d’une campagne de prévention. Elle nous présente également un sondage d’opinion récent qui délivre des chiffres effarants : 1 adolescentes sur 5 a déjà été victimes de violences conjugales. On fait un point complet sur la question.
Isoler, culpabiliser, menacer
Ces trois mots résument les attitudes que l’on peut retrouver chez un couple où l’un des partenaires cherche à dominer l’autre. Si les jeunes femmes ne se reconnaissent pas dans les violences conjugales, c’est tout simplement, car elles ont du mal à les identifier. Selon le sondage Opinion Way (échantillon de 1 048 femmes de 18 ans et plus) commandé par Yves Saint Laurent, elles seraient même sur représentées.
D’après les chiffres, plus de 2 femmes de moins de 25 ans sur 10 déclarent avoir déjà subi des violences de la part de leur partenaire actuel ou de leur ex. Elles ne sont « que » 16 % des femmes de 35-49 ans et 15 % des femmes de 50-64 ans.
Ces violences se déroulent de différentes manières, bien qu’on retrouve un mode de fonctionnement caractéristique de la part du/de la partenaire abusif·ve. Les sondées évoquent par exemple l’humiliation dans l’intimité et en public (41 %), l’isolement et l’éloignement de leur famille et ami·e·s (40 %) et le chantage ou l’intrusion dans leur téléphone (60 %).
Louise Delavier, co-fondatrice de « En avant toutes », détaille :
« Les jeunes femmes disent rarement subir des violences conjugales. Quand elles en parlent, elles emploient avec des termes différents : « Mon copain me force », ou encore « Il est trop jaloux ». »
Toujours selon Louise Delavier, les jeunes filles ne se reconnaissent pas dans la description des violences conjugales, parce qu’elles n’ont tout simplement pas conscience d’en subir :
« Dans les campagnes de communication ou dans les médias, on retrouve souvent l’image de la femme avec des bleus, âgée de 30-40 ans avec des enfants ou en robe de mariée. Il y a un imaginaire collectif autour des violences conjugales qui n’inclut pas les jeunes. »
Quid des couples LGBTQ ?
Pour tou·te·s ces jeunes, il est d’autant plus difficile de se confier aux parents ou à l’entourage proche :
« C’est un peu la double peine pour ces jeunes femmes, car non seulement elles sont exclues de ces campagnes, mais elles sont moins crues lorsqu’elles en parlent autour d’elles. On va par exemple leur dire : « C’est bon, tu ne vis pas avec, tu n’as qu’à le quitter ! ».
Ici, elle aborde également le sujet des couples LBGTQ et d’une défaillance des campagnes de prévention :
« Il y a aussi la peur de parler, qu’on se moque d’elles, de se faire agresser, de faire son coming-out dans les relations gay ou lesbiennes… Ces derniers ne sont d’ailleurs jamais représentés dans les campagnes, ce qui donne l’impression que les violences conjugales n’existent pas au sein des couples LGBT. »
À cela, on ajoute les problèmes de cyberharcèlement et la peur des représailles. Un point de vue que partagent 70 % des personnes interrogées par le sondage Opinion Way. Il·elle·s sont nombreux·euses à estimer que les jeunes renoncent à se confier par peut « de se retrouver sur les réseaux sociaux ». Un phénomène nouveau que les générations précédentes n’avaient pas forcément eu à gérer :
« C’est un outil de peur supplémentaire, que l’agresseur·euse va utiliser contre la victime en jouant sur les mêmes mécanismes. Mais qui vont démultiplier l’impact de la menace et de la violence sur la victime. »
Violences conjugales chez les adolescent·e·s : une campagne de prévention sur les chaînes nationales
Lancée le 5 mars 2021, la campagne de prévention En avant toutes x Yves Saint Laurent Beauté est diffusée sur les chaînes France Télévisions en prime time, jusqu’au 11 mars. Il s’agit de spots vidéo d’une minute mettant en scène des témoignages de jeunes victimes de violences conjugales, interprétés par des comédien·ne·s.
On y voit certaines personnalités lire des témoignages. À l’image de la chanteuse HollySiz, de l’acteur Guang Huo, de l’actrice Assa Sylla ou encore, des comédiens Khaled Allouach et Simon Biret de « Ici tout commence ».
L’objectif est clair : diffuser la parole de celles qui préfèrent souvent se taire, par méconnaissance et surtout, par peur des représailles. Et aussi, sensibiliser celles qui en sont victimes et les inciter à en parler. Une initiative que nous ne pouvons que féliciter.
Vous êtes victime de violences conjugales ? Quel que soit votre âge, surtout, parlez-en. Vous retrouverez toutes les informations nécessaires et les personnes à contacter sur le site dédié mis en place par le gouvernement.