« Être confiné, c’est déjà compliqué pour deux personnes qui s’entendent bien. Alors pour les victimes de violences conjugales, elles vivent un véritable calvaire » estime la présidente de l’UNFF (Union nationale des familles de féminicides). Alors que le procès de Jonathann Daval accusé du meurtre de son épouse, débute ce lundi, trois ans après la disparition d’Alexia Daval, cette affaire est devenue l’un des tristes symboles des violences faites aux femmes. L’instauration du confinement en réponse à l’épidémie de Covid-19 a inévitablement provoqué une hausse importante du nombre de signalements. Les associations redoutent un nouveau pic de violences conjugales envers les femmes, mais aussi les enfants. Quels moyens ont été mis en place pour lutter contre ces violences et préserver la sécurité des victimes malgré la crise sanitaire ? On fait un point.
Un plan d’urgence pour les victimes de violences conjugales
Comme vous le savez, le pays est de nouveau en confinement, après un premier épisode en mars dernier. Et s’il est déjà difficile de rester chez soi lorsque « tout va bien »; imaginez ce que peuvent ressentir les femmes victimes de violences conjugales (ainsi que leurs enfants)…
Récemment contactée par l’une de ses patientes, la psychiatre Marie-France Hirigoyen raconte à France24 :
» Lorsque son mari boit, les effets sont déjà terribles, elle subit fréquemment des violences psychologiques et physiques, mais avec le confinement, ça risque de monter d’un cran. Elle vient de m’appeler en me disant qu’il était sorti faire des courses et s’acheter de l’alcool, elle a peur de son retour. Les auteurs de violences domestiques sont déjà des personnes fragiles qui ne supportent pas les frustrations, alors le confinement va forcément aggraver la situation. »
Selon plusieurs associations, beaucoup de victimes se sont manifestées pour la première fois lors du confinement en mars dernier. Au 20 mars 2020, on recensait déjà 19 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon. Au 12 novembre dernier, ce sont 82 féminicides enregistrés depuis le début de l’année. En 2019, elles sont 151 à avoir succombé comme le rappelle Nous-toutes.com…
D’ailleurs, le collectif a mis en place une pétition en faveur de la création d’un plan d’urgence pour les femmes victimes de violences conjugales durant le confinement. Plus de 15 000 personnes ont déjà signé à l’heure de la rédaction de cet article.
Le confinement a accentué le fléau des violences
Les derniers éléments publiés par le secrétariat d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes le confirment : les violences conjugales et intrafamiliales ont augmenté pendant le premier confinement. Les forces de l’ordre ont effectué 44 % d’interventions en plus pour différends familiaux par rapport à la même période en 2019. De son côté, la fréquentation de la plateforme sur les violences conjugales arretonslesviolences.gouv.fr a plus que doublé.
La secrétaire d’État pour l’égalité Marlène Schiappa le rappelle : les numéros d’écoute, les plateformes gouvernementales, l’accompagnement dans les hébergements d’urgence et les procès au pénal contre les agresseurs sont toujours maintenus. Les victimes peuvent quitter leur domicile à tout moment, sans devoir disposer d’une attestation. Elles peuvent appeler le 17 ou utiliser le 114 par SMS en cas de danger immédiat.
» La solidarité entre voisins. Si vous entendez des meubles tomber, des chaises jetées, des cris, il faut aller voir ce qu’il se passe ou alerter la police ! C’est le meilleur rempart en ces temps de cloisonnement. Les femmes qui se tournent souvent vers les associations pour se confier et chercher de l’aide, là elles ne le peuvent pas, car ces dernières aussi fonctionnent avec moins de personnel, c’est catastrophique et il faut être vigilant « , expliquait il y a quelques mois Delphine Zoughebi, sur France24
Malheureusement, les femmes ne sont pas les seules victimes…
Confinement : « les enfants qui sont au bout de la chaîne s’en prennent plein la figure »
Les violences conjugales s’accompagnent parfois de violences familiales lorsqu’il y a des enfants. Une crainte partagée publiquement par Marlène Schiappa dès le 16 mars 2020, lors du premier confinement. Quelques jours plus tard Rodrigo Arenas (co-président de la FCPE) le confirmait au micro d’Europe 1 :
Pendant la pandémie, de nouveaux outils pratiques ont été mis en place dans le pays. Les victimes peuvent par exemple désormais se signaler en pharmacie, en prononçant simplement un code si leur compagnon violent est avec elle à ce moment-là.
Parmi les autres services, on retrouve :
- le 39 19, numéro gratuit et anonyme (disponible tous les jours de 9h à 21h)
- un site Internet disponible 24h/24 et 7 j/7 avec un tchat anonyme et non traçable : https://arretonslesviolences.gouv.fr/
- l’application « APP-ELLES » de soutien entre femmes : https://www.app-elles.fr/
- un tchat gratuit : www.commentonsaime.fr
- le 119 est à la disposition des enfants (appel gratuit 24h/24, 7j/7)
- le 01 40 47 06 06 (disponible du lundi au vendredi de 8h30 à 19h) pour les femmes en situation de handicap.
Si vous êtes victime de violences conjugales ou vos enfants de violences familiales, rappelez-vous que vous n’êtes pas seule ! Même en cette période de confinement.
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