Les violences psychologiques sont nocives pour lâestime de soi, la confiance envers les autres et pour les relations en gĂ©nĂ©ral. Or, il se peut que nous ignorions que nous sommes les victimes de cet abus. Voici donc les signes de violences psychologiques qui peuvent vous alerter.Â
Que sont les violences psychologiques ?
Les chiffres de l’Insee ne laissent aucune place au doute : 1 adulte sur 10 subit des violences psychologiques au sein de son couple dans notre sociĂ©tĂ©. Il semble que les hommes comme les femmes en soient autant victimes. Alors que les maltraitances physiques sont les plus connues, les violences psychologiques sont plus insidieuses.
La psychologie dĂ©finit la violence psychologique comme un type de violence verbale (non physique) dans laquelle lâagresseur.se tente de soumettre une autre personne en abusant d’un certain pouvoir sur elle. Il s’agit d’un schĂ©ma rĂ©gulier d’attaques verbales, de critiques, de manipulation, d’humiliation, d’insultes, d’isolement, etc. D’ailleurs, les violences psychologiques ne sont pas rĂ©servĂ©es au couple. Nous les retrouvons Ă©galement dans les relations d’amitiĂ©, professionnelles ou encore parentales.
Les Ă©tudes montrent que la violence psychologique est aussi prĂ©judiciable que la violence physique. Ceci s’explique parce qu’elle affecte notre perception de nous-mĂȘmes. En cherchant Ă nous dĂ©stabiliser par l’humiliation et le rabaissement, elle agit directement sur l’estime de soi. La victime se retrouve confuse, impuissante et effrayĂ©e.
Des violences lourdes de conséquences
Comme nous lâavons vu, les violences psychologiques accumulent les consĂ©quences en tout genre. Elles peuvent ĂȘtre dâordre psychologique :
- Baisse de lâestime de soi ;
- Irritabilité ;
- Anxiété ;
- Tristesse ;
- Culpabilité ;
- Troubles érectiles ;
- DĂ©pression.
Elles peuvent aussi affecter votre vie sociale :
- Isolement social ;
- Perte de contact avec ami.e.s et famille ;
- Perte d’indĂ©pendance sociale et Ă©conomique ;
- Diminution du rendement académique et professionnel.
Enfin, elles peuvent avoir des effets physiques :
- Insomnie ;
- Troubles digestifs et gastro-intestinaux ;
- Maux de tĂȘte ;
- Troubles du sommeil ;
- Troubles alimentaires ;
- Hypertension
Quels sont les signes de violences psychologiques ?
1 – Lâhumiliation et le rabaissement, une dĂ©prĂ©ciation active
Les personnes qui usent de la violence psychologique ont des comportements dĂ©prĂ©ciatifs. Alors, elles vous humilient constamment en prĂ©sence dâautres personnes, mĂȘme parfois par l’usage de blagues. La thĂ©rapeute Sharie Stines insiste Ă ce propos :
« Lorsque vous vous en plaignez, le.a partenaire affirme qu’il ne s’agit que de simples boutades et que vous ĂȘtes trop sensible. Or la maxime reste cependant vraie : il y a une part de vĂ©ritĂ© derriĂšre chaque remarque sarcastique. »
Les violences psychologiques vous donnent l’impression d’ĂȘtre toujours dans l’Ă©chec, de ne jamais rien faire de bien. Ceci Ă tel point que les agresseur.se.s aiment vous rappeler vos faiblesses et rabaisser vos accomplissements. Iels prennent aussi du plaisir Ă raconter vos moments intimes et vos secrets aux autres contre votre grĂ©. La psychologue Carol A. Lambert explique au HuffPost qu’il faut apprendre Ă repĂ©rer ces attitudes.
« L’objectif est de cibler prĂ©cisĂ©ment ce que votre partenaire perçoit comme une menace chez vous, car iel a l’intention de prendre le contrĂŽle de la relation. La façon dont votre partenaire rĂ©agit face Ă vos succĂšs ou les sentiments positifs qu’iel exprime peuvent ĂȘtre rĂ©vĂ©lateurs. »
2 – Un besoin de contrĂŽle sur l’autre
Dans les violences psychologiques, un besoin inexorable de tout contrĂŽler se dĂ©note. L’autre pense que vous n’ĂȘtes pas capable de savoir ce qui est le mieux pour vous. Alors, iel s’attaque au contrĂŽle d’un maximum de pans de votre vie : finances, informations, sorties, frĂ©quentations, etc.
Il n’est pas non plus rare de constater que les violences psychologiques se traduisent dans un constant afflux de messages pour savoir ce que vous faites et avec qui. Lisa Ferentz en parle dans son livre « Treating Self-Destructive Behaviors in Trauma Survivors: A Clinician’s Guide« .
« Ce qui peut paraĂźtre comme une prĂ©occupation sincĂšre est souvent une maniĂšre d’avoir le contrĂŽle total sur l’autre, en surveillant de trĂšs prĂšs son emploi du temps. Envoyer un texto quelques fois par jour pour ‘ĂȘtre sĂ»r.e que tout va bien’ peut se transformer en harcĂšlement. Exiger d’une personne qu’elle tienne son.a partenaire au courant de ses moindres faits et gestes et s’octroyer un droit de regard sur ses frĂ©quentations ou les endroits oĂč elle se rend sont des exemples flagrants de maltraitance Ă©motionnelle. »
Finalement, ces violences vous font sentir d’autant plus infĂ©rieur.e et dĂ©pendant.e de l’autre. Ce.tte dernier.Ăšre n’hĂ©sitera pas Ă user de dĂ©sapprobation et de condescendance Ă votre Ă©gard. Par cette nĂ©cessitĂ© d’aval de l’autre pour tout, vous ressentez finalement qu’on vous traite comme un.e enfant.
3 – La nĂ©gation de vos Ă©motions
C’est une arme puissante de la manipulation : dĂ©valoriser les sentiments et Ă©motions de l’autre. Cela vous rabaisse autant que l’autre se sent supĂ©rieur Ă vous. On vous dit que vous ĂȘtes « trop sensibles » ou que vous avez souvent tort ? Cela peut tenir d’une violence psychologique.
L’autre peut se servir de cette arme pour servir ses intĂ©rĂȘts. Par exemple, en vous privant d’affection, de sexe ou d’argent pour « vous punir ». Lisa Ferentz y fait Ă©galement allusion dans son livre :
« Le fait de priver l’autre d’affection ou de soutien Ă©motionnel ou financier n’est pas systĂ©matiquement perçu comme un abus. La plupart des individu.e.s font l’amalgame entre comportement abusif et infliction de souffrances. Dans ce cas, c’est la privation ou l’absence de ce qu’une personne mĂ©rite d’expĂ©rimenter dans une relation qui rend cette derniĂšre abusive. »
4 – La culpabilisation comme arme
Les abuseur.se.s n’hĂ©sitent pas Ă vous rendre fautif.ve pour leurs problĂšmes, leur humeur et leur mĂ©contentement gĂ©nĂ©ral. L’idĂ©e est de vous faire culpabiliser dans nombre de situations. Iels peuvent mĂȘme aller jusqu’Ă vous accuser de choses qui ne sont pas avĂ©rĂ©es. La psychothĂ©rapeute Carol A. Lamber explique dans son opus Women with Controlling Partners :
« Avec le temps, le doute entraĂźne une perte de confiance dans votre perception des choses et votre capacitĂ© de jugement, ce qui vous rend d’autant plus vulnĂ©rable face Ă un.e partenaire qui souhaite vous contrĂŽler. »
Les violences psychologiques que vous subissez vous poussent Ă prĂ©senter des excuses alors mĂȘme que vous n’ĂȘtes pas en tort. Pire encore, elles vous poussent Ă ĂȘtre dĂ©solĂ©.e pour l’autre alors mĂȘme qu’iel vous blesse. C’est ce qu’Ă©taye la psychologue Sharie Stines :
« Les abuseur.se.s sont passĂ©.e.s maĂźtre.se.s dans l’art de la manipulation. Iels sont capables de vous retourner l’esprit, de vous laisser penser que tout est de votre faute, ou qu’iels ne sont pas responsables car leur rĂ©action est liĂ©e Ă un Ă©vĂ©nement survenu dans leur enfance ou dans une relation antĂ©rieure, une blessure due Ă quelque chose que vous avez dit ou fait, ou mĂȘme rien du tout. »
Ces personnes sont souvent incapables de rire d’elles-mĂȘmes, elles sont trĂšs sensibles lorsqu’on les charrie. ĂÂ les entendre, elles ont toujours raison, c’est pourquoi elles sont incapables d’assumer leurs erreurs et de s’excuser.
Ainsi, de nombreux signes peuvent rĂ©vĂ©ler des violences psychologiques. Si vous vous reconnaissez dans certain.e.s d’entre eux, n’hĂ©sitez pas Ă vous faire aider par un.e professionnel.le. Iel vous aidera Ă vous sortir de cette relation et Ă regagner confiance en vous.