Inventé par une journaliste britannique, ce mot désigne une manière de séduire progressiste et féministe… Alors qu’on ne l’est pas du tout ! On fait le point sur cette technique de drague utilisée par de plus en plus de personnes.
« Je veux une femme soumise et calme »
Pour la petite anecdote, ce terme résulte de l’association de deux termes existants. Tout d’abord « woke » : utilisé par les personnes noires aux États-Unis pour décrire le fait d’être conscient des injustices et du système d’oppression pesant sur les minorités. Ainsi que du terme « fishing », utilisé dans l’expression « catfishing » qui désigne une personne usurpant l’identité d’une autre sur les réseaux sociaux en utilisant photos et informations personnelles.
Quelques Françaises se sont confiées à nos confrères du Huffingtonpost.fr et racontent leur histoire sous des pseudonymes, afin de protéger leur anonymat.
Caroline, 19 ans et apprentie tatoueuse, a ainsi vécu cette situation l’année dernière avec celui qui est désormais son ex petit copain :
« Je suis une femme super ouverte, je me montre beaucoup sur les réseaux en sous-vêtements parce que j’adore ça. Au début, il aimait ça aussi, car il disait que j’étais libre de mon corps. Il partageait mes photos en étant fier. Je me sentais tellement bien et en même temps libre en tant que femme, je me sentais respectée. »
Au bout de deux mois, la situation vire d’une tout autre manière :
« Il me demandait de retirer ces photos, car, selon lui, cela faisait vulgaire. Il était pour la liberté des femmes, il disait nous respecter, mais une fois qu’il m’avait dans la poche, il insultait mes proches, mon style vestimentaire ou encore mon passé. Je me sentais blessée parce que je l’aimais, et du fait qu’il me dise ça, je n’avais plus confiance en moi ni plus aucune estime de moi-même… »
Au bout de trois mois, la jeune femme ne supporte plus la relation :
« On n’arrêtait pas de se disputer à propos de ça. Je ne suis pas du genre à me laisser faire, ce qui ne lui plaisait pas, car il a dit, je cite: ‘je veux une femme soumise et calme’. Aujourd’hui encore, je n’arrive pas à l’oublier… »
Des mots qui font froid dans le dos !
Pourquoi utilise-t-on le « wokefishing » comme technique de drague ?
C’est vrai après tout, pourquoi une personne se sent-elle obligée de mentir sur ses convictions profondes afin de séduire quelqu’un d’autre ? La réponse est simple : on séduit bien plus facilement la personne convoitée.
Le.a « wokefisher » n’a pas envie de débattre de ses réelles opinions, surtout quand elles sont à l’opposé de celles de sa cible. Selon un sondage Ifop datant de 2017, 41 % des Français ont eu une majorité de partenaires sexuels avec les mêmes convictions qu’eux.
À l’ère du 2.0, les rencontres amoureuses se font majoritairement par le biais d’applications ou de sites de rencontres. Et malheureusement, le wokefishing y est presque un sport national. C’est devenu facile, car via les réseaux sociaux, nous mettons énormément de renseignements sur nos convictions. Le.a wokefisher aguerrit n’a ainsi plus qu’à faire un petit tour et prendre des notes sur notre profil Facebook ou Instagram…
Chacune de nos interventions numériques est une source d’information supplémentaire pour le wokefisher. Même s’il ne le fait pas toujours consciemment, le.a wokefisher cache sa vraie nature. Mais chassez le naturel, et il revient au galop ! Très souvent, la relation débute sur les chapeaux de roue et se termine mal, seulement quelques mois plus tard. Et pour cause, on ne peut pas jouer indéfiniment un rôle…
Comment se protéger du wokefishing ?
Vous connaissez l’adage : mieux vaut prévenir que guérir ! Première chose : soyez vigilant.e à propos des indices que vous laissez traîner sur les réseaux sociaux et les applis de rencontres. Bien sûr, pas besoin d’avoir un profil Tinder vierge. L’idéal est d’en dévoiler avec parcimonie. Nous avons tou.te.s l’habitude de stalker les réseaux sociaux avant un date (ne mentez pas) mais pour une fois, laissons une petite part de mystère…
Deuxième conseil : ne vous fiez JAMAIS à des conversations virtuelles. Échanger par messages est chouette et pratique, mais cela peut ne pas refléter DU TOUT la réalité. Vous êtes féministe ou écologiste engagé.e ? N’en dites rien par message. Le.a potentiel.le wokefisher n’a que 3 clics à faire sur internet pour en savoir plus sur ces termes.
Troisième et ultime conseil : voyez-vous en vrai et poussez la personne à exprimer ses idées. Il est clair qu’il.elle n’osera pas faire de recherches Google alors que vous êtes attablé.e.s à la terrasse d’un café ! Parlez de vos centres d’intérêt, opinions politiques ou encore, de vos sensibilités respectives. Vous verrez, les mensonges sont bien plus faciles à repérer lorsqu’on est face à face…
Vous avez déjà été victime de wokefishing ? Venez raconter votre mésaventure sur notre forum, dans la rubrique Vie de couple, sexualité. Cela aidera les membres de la communauté à ne pas tomber dans ce piège insidieux !