À l’évocation de « colonies de vacances », les souvenirs d’enfance affluent dans votre esprit. Instantanément, vous vous revoyez autour d’un feu de camp, en train de faire fondre vos chamallows au-dessus de la braise et improviser une bataille de polochons dans les dortoirs en bois, une fois le couvre-feu sonné. Les colonies de vacances s’adressent généralement aux jeunes générations et remplissent les deux longs mois de congés scolaires. Mais désormais, elles s’ouvrent aussi au club du troisième âge, en version un peu plus « tranquille ». Il n’y a pas de limites d’âge pour s’amuser et s’adonner aux joies de ces séjours récréatifs « tout compris ». Bien loin des sempiternelles cures en peignoir souvent prescrites aux plus de 60 ans, les colonies de vacances pour sénior révolutionnent les escapades. Au programme, pas de canoë-kayak ni de booms, mais des activités tout aussi divertissantes.
Colonies de vacances pour séniors, un concept qui séduit
Dans l’imaginaire collectif, les colonies de vacances s’adressent exclusivement aux jeunes. Spontanément, le même tableau se brosse dans les esprits : des jeunes qui campent dans la forêt et se content des histoires d’horreur à la lampe torche. À la vue des mots « colonies de vacances », rares sont celleux qui entrevoient des têtes grisonnantes, des visages froissés et des corps voûtés par le temps. Cependant, les séniors investissent désormais ces centres de loisirs à ciel ouvert. Iels rejouent la cassette de leur enfance in situ.
Les colonies de vacances pour séniors restent un concept de niche. C’est l’Agence nationale pour les Chèques-Vacances qui a lancé la tendance et instauré cette nouvelle façon de « voyager », beaucoup plus ludique. Depuis 2007, elle propose un programme nommé « Seniors en vacances », qui reprend les codes de la colonie de vacances avec un rythme un peu moins soutenu. N’allez pas croire que les séniors tricotent à longueur de journée à l’ombre des parasols. Soirée karaoké, excursion en bateau, visites de musées… les activités ne sont pas aussi dynamiques que pour les « bambin.e.s », articulation oblige. Mais elles sont toujours plus animées que les bains de boue des stations thermales. Ce dispositif a déjà conquis plus de 500 000 personnes de plus de 60 ans, depuis sa création.
Les colonies de vacances pour séniors commencent doucement à investir le paysage estival. Elles se démocratisent à échelle locale. Le château de Monceau à Prissé en Saône-et-Loire est d’ailleurs devenu le point de rencontre de tous les retraités en mal d’évasion. Depuis plus de cinquante ans, la bâtisse cossue voit défiler de nombreux.ses séniors, débarqué.e.s des quatre coins de la France. Aucun d’entre elleux ne se connait, mais tou.te.s ont en commun de vouloir s’extirper de leur routine soporifique.
Casser la monotonie du quotidien
Les séniors d’aujourd’hui ont la bougeotte. La caricature du vieillard qui parcourt toute la presse depuis sa rocking-chair ou de la mamie qui occupe son temps libre à faire des tartes aux pommes se fracasse en mille morceaux. Toutefois, lorsque les enfants quittent le nid familial et que le.a partenaire d’une vie s’envole vers l’au-delà, les journées sont plus difficiles à meubler. Les séniors, esseulé.e.s, tombent alors rapidement dans le gouffre de l’ennui. Iels n’ont plus goût à rien, pas même à regarder Nagui sur France 2 ni à faire une partie des cartes.
Si les travailleur.se.s conjuguent leur quotidien au « métro, boulot, dodo », les séniors, elleux, vivent à travers l’expression « repos, tricot, dodo ». Cette routine, même si elle est rassurante, peut entraîner un sentiment d’isolement et d’inutilité. Les colonies de vacances sont donc comme une éclaircie dans la brume de tous les jours. Stimulantes, ressourçantes et surtout dépaysantes, elles redessinent des sourires sur des lèvres, longtemps courbées vers le bas. Les moments de détente, les rires partagés avec de nouveaux amis, les défis relevés lors des activités et les petites victoires personnelles accumulées au fil du séjour ravivent souvent la joie et la satisfaction.
Faire des rencontres et braver la solitude
Selon le baromètre de l’association Petits Frères des Pauvres, en 2021, 530 000 personnes âgées de 60 ans et plus étaient en situation de mort sociale. Comme coupées du reste du monde. Pas un coup de fil ni une phalange qui retentit contre la porte. Mais grâce aux colonies de vacances pour séniors, ces personnes recluses entre leurs murs tapissés de souvenirs peuvent créer du lien. Les amitiés sont presque aussi instinctives qu’à l’époque du bas âge. Elles se créent, non plus autour des sacs de billes, mais des tables de bridge et des morceaux de bois du Molkky.
Plus les séniors avancent dans l’âge, plus les ami.e.s se font rares sur terre. La plupart d’entre elleux sont allé.e.s vers une destination nommée « paradis ». Les colonies de vacances permettent alors de renflouer ce carnet de contacts, désormais bien vide. En prime, les séniors discutent avec des personnes de leur âge, qui ont potentiellement des points communs et des tas d’histoires nostalgiques à partager.
Se découvrir de nouvelles passions
Il n’y a pas d’âge pour apprendre un nouveau loisir et se déceler des talents cachés. Les colonies de vacances pour séniors prouvent que les compétences des aîné.e.s sont sans limites. Pendant ce séjour collectif, iels touchent un peu à tout et se frottent à des activités jamais expérimentées auparavant. Et attention, scoop : iels n’excellent pas seulement au Scrabble ou au Triominos. Certain.e.s se découvrent une âme de poète au gré d’ateliers d’écritures créatifs tandis que d’autres s’aperçoivent qu’iels ont peut-être loupé une carrière de photographe.
Les colonies de vacances pour séniors ne sont pas uniquement faites à base de belote, de lecture et de sieste. Elles permettent d’explorer d’autres hobbies et de chasser cette vilaine pensée invasive qui dit « je suis un boulet ». La découverte de nouvelles passions peut raviver l’enthousiasme et donner un nouveau sens à la vie, en offrant des moyens de s’exprimer et de se réaliser personnellement.
Combattre la sédentarité du vieil âge
Évidemment, au gré des colonies de vacances pour séniors, les activités proposées sont moins extrêmes que de faire du voilier sur une eau agitée ou de participer à un triathlon « récréatif ». Toutefois, elles encouragent les anciennes générations à se mouvoir et à fuir le canapé.
Selon une étude signée Silver Alliance, 41 % des séniors boudent le sport. Les colonies de vacances les réconcilient avec les activités sportives. Qu’il s’agisse de travailler sa souplesse sur un tapis en mousse ou son agilité avec un frisbee entre les mains, les séniors sont sans cesse en train de bouger. Le but n’est pas de se coincer une articulation ou de revenir avec le col du fémur cassé, mais de se « dérouiller » un peu.
Les colonies de vacances pour séniors prouvent ainsi que le grain de folie n’a pas de date de péremption. Elles rafraîchissent l’art de voyager et dépoussièrent les clichés sur nos aînés. Iels prendront plaisir à faire leurs bagages !