Durant la saison estivale, la pollution ne prend pas de congés. Sous le soleil cuisant, Mère Nature peine à respirer. Des déchets empoisonnés lui ont volé une part importante de sa vitalité. Fragilisée, elle peine à se relever. Les baies côtières et les forêts luxuriantes sont jonchées de plastiques, les courbes fluides de la Grande Bleue sont teintées de produits chimiques, les canettes grignotent l’habitat naturel des espèces animales… ces images cauchemardesques sont devenues indigestes.
Il est impératif que la bêtise humaine cesse. Les années précédentes, vacances d’été rimaient avec insouciance et batifolage. En 2021, une vague écologique a nettoyé les mentalités. Le tourisme vert n’a jamais été autant prisé. Un remède durable pour panser, à petite échelle, les plaies de cette Planète martyrisée.
La crise sanitaire débouche sur des changements positifs
Les confinements à répétition ont freiné les ardeurs des baroudeur·euse·s aguerri·e·s et des globe-trotteur·euse·s novices. Un enfermement forcé qui s’apparentait à une saga sans fin. Cette pause involontaire saupoudrée d’angoisses et de frustrations nous a aussi permis d’amorcer un travail d’introspection. Une démarche salvatrice synonyme d’apaisement et de renaissance. Au-delà de son côté sombre, cette crise sanitaire a fait germer des comportements plus raisonnés.
L’engagement environnemental s’est enraciné dans les esprits. D’après une enquête de la Banque européenne d’investissement, 93 % des Français·es affirment ainsi faire des efforts pour la transition écologique depuis le début de la pandémie. Acheter des vêtements de seconde main, renouer avec le savoir-faire local, privilégier les produits en vrac… ces gestes consciencieux sont en pleine éclosion. D’ailleurs, la fibre responsable s’égraine également dans l’univers du voyage. Une nécessité à l’heure où les paysages sauvages se dégradent.
Tranquillité, sérénité, campagne… des envies d’authenticité
Les plages de sable fin surpeuplées, les grandes métropoles bondées, les hauts lieux touristiques noirs de monde… ces fourmilières abondantes ne séduisent plus. Désormais, les vacanciers délaissent ce vacarme incessant pour des endroits plus sauvages et reposants. En 2021, les Français·es hissent la voile de l’authenticité et surfent sur les plaisirs à l’état brut. Après de longs mois d’abstinence, les vagabond·e·s ont soif d’évasion. Mais les habitudes ont bel et bien changé. Le tape-à-l’œil et les orgies gustatives ne sont plus d’actualité. En cette ère post-covid, c’est le tourisme vert qui a le vent en poupe.
« Il y aura probablement moins de courts séjours en ville et de plus en plus de voyages à destination de la campagne, associés à un effet « bol d’air » », précise Aurélia Bettati, directrice du bureau d’étude McKinsey.
Une escapade au creux des arbres dans une cabane en matériaux recyclés, un périple au plus près des animaux au cœur d’une ferme bio, une odyssée spirituelle dans une yourte nichée dans la montagne… ces espaces préservés, calmes et apaisants attirent comme des aimants. D’après un sondage Ifop publié en mars dernier, 44 % des Français·es se disent prêt·e·s à payer plus cher leur séjour afin de voyager de façon responsable et respectueuse de l’environnement. Sur 173 millions de séjours annuels, 50 millions ont lieu dans des endroits protégés, à l’effigie des parcs nationaux ou des réserves naturelles.
Le tourisme vert, une tendance voyage qui se confirme
Les Français·es piquent une tête dans ce Jardin d’Eden bouillonnant. Ce type de voyage aussi revitalisant que bienveillant cajole Mère Nature et active nos énergies positives. Le tourisme vert a donc plus d’une corde à son arc. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, on l’associe aux nomades écolos ou aux hippies décontractés, alors que tout le monde peut s’y frotter.
Pour se balancer sur les branches du tourisme vert, la France offre un vaste champ de possibilités. Avec ses quelque 180 000 km de sentiers balisés, les balades ne manquent pas. Ces randonnées pédestres rythmées par le chant des oiseaux et agrémentées de surprises visuelles à couper le souffle nous ramènent à l’essentiel.
Dans les entrailles de Mère Nature
Pour épargner cette faune et cette flore en péril, le tourisme vert s’axe aussi autour de modes de transport plus sain. On délaisse son acolyte à quatre roues ultra polluants et on découvre des panoramas bluffants autrement. Les as de la pédale optent pour une virée à vélo au plus près des roches rouge feu de l’Hérault. Les sirènes chevronnées, elles, arborent leur paddle pour ne faire qu’un avec les eaux azur du Verdon. Gourdes en inox, pique-niques maison dans un emballage zéro déchet, crème solaire bio… les sacs à dos sont gorgés de bonne volonté et le respect de la biodiversité prime.
Pour accompagner les Français·es dans cette révolution verte, les professionnel·le·s ont d’ailleurs de la ressource. La Clef Verte, Éthic Étape, Accueil paysan, Chouette Nature… les labels fleurissent en masse sur les établissements. Face à cette concurrence accrue, les mastodontes de la location ont dû adapter leur offre.
Début juin, Airbnb a ajouté une nouvelle catégorie nommée symboliquement « En pleine nature ». Désormais, on peut ainsi affiner nos recherches en cliquant sur : « Escapades au vert », « Maison écologique », « Design au naturel » ou encore « Au bord de l’eau ».
L’urgence d’agir se fait sentir
Un tournant radical et nécessaire pour ancrer solidement le tourisme vert. Les Français·es semblent prêts à emprunter ce virage. Pourtant sur le terrain, les incivilités perdurent. Une étude publiée en novembre 2020 dans la revue scientifique Nature Climate Change dressait un bilan obscur. Selon les résultats, le tourisme serait l’un des principaux coupables du réchauffement climatique. Il serait responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
En effet, ce secteur doré qui fait scintiller nos yeux et frémir notre imaginaire fusille les écosystèmes fragiles. Les paquebots titanesques répandent des nappes d’hydrocarbures dans l’océan tandis que les avions pulvérisent l’air de substances nocives. Deux vols aller-retour par an, de Paris aux Baléares et de Paris à Venise diffusent, par passager, plus d’une tonne de CO2. Un chiffre comparable à un an de chauffage dans un logement exigu. Des ravages invisibles à l’œil nu qui sonnent pourtant comme une torture pour la nature.
Des panoramas somptueux défigurés par la main de l’Homme
Les rassemblements massifs au centre des destinations idylliques à l’effigie des îles Grecques seraient tout autant destructeurs. En mer Méditerranée, 52 % des détritus seraient liés au tourisme balnéaire d’après un rapport de l’association WWF. Au tribunal de l’environnement, le verdict s’annonce salé. Heureusement, de jeunes pousses avisées se transforment en juge protecteur. Ils ne revêtent pas de robes de magistrat, mais s’arment de perches télescopiques pour amorcer le combat.
Avec l’émergence des réseaux sociaux, des actions salutaires ont ainsi été massivement relayées. Depuis un an, les challenges ludiques responsables bourgeonnent. Le défi #FillTheBottle, qui consistait à remplir des bouteilles de mégots ramassés par terre, est devenu viral. En l’espace de 24 heures, il a été retweeté près de 30 000 fois.
Dans cette même lignée, des explorateurs 2.0 partagent leur road trip engagé. Florian, du compte Cycleantrip, s’est par exemple lancé dans une aventure riche de sens. Il a sillonné le globe à la seule force de ses jambes pour récolter le maximum d’immondices qui recouvraient les routes. En 18 mois, il a collecté 843 kg de déchets.
Chaque geste compte…
L’alerte rouge est lancée. La guerre contre la pollution est officiellement déclarée. Cet été, délaissez les bains de soleil pour des séances de clean up conviviales. Ainsi, vous réduisez vos chances d’attraper un cancer de la peau et vous savourez ce sentiment de fierté. Pour vous accompagner dans cette transition, on vous a concocté un savoureux cocktail d’éco-gestes simples à appliquer.